La distance kilométrique qui les sépare explique peut-être pourquoi il a fallu plus de quatre ans à l'Américain Chad Davis et à la Norvégienne Anette Uvaas Gulbrandsen pour offrir une suite au prometteur "Ritual Rites" et, ce faisant, accoucher de leur premier album longue durée.
Si le fruit de l'union du guitariste de Hour Of 13 et de l'ancienne sirène de Nàttsòl annonçait un doom gainé d'une féminité polaire dont l'EP originel fut l'écrin délicieux, à la fois plombé et occulte, "Latum Alterum" confère à ce socle rocailleux une autre dimension, certes toujours aussi heavy et entêtante mais surtout beaucoup plus sombre sinon ténébreuse. Gisant doloriste, The Sabbathian enjambe le Styx en franchissant le pont qui mène au black metal. Le manche de Davis est taillé dans le bois de ces églises incendiées jadis. Grésillantes, les lignes qu'il forge ont quelque chose d'échardes empoisonnées qui raclent la peau, libérant une semence polluée quasi burzumienne.
Il suffit de fermer les yeux en écoutant le lancinant 'Liti Kjersti' pour avoir l'impression de (presque) découvrir un "Filosofem" qui aurait troqué la voix de gargouille de Varg Vikerness pour celui d'une prêtresse lumineuse. La jeune femme, quant à elle, fait souffler le vent du Grand Nord, capable de transformer en glace tout ce qui l'entoure. Et lorsqu'elle est accompagnée par sa fragile compatriote Liv Kristine, le temps d'un 'Head Of A Traitor', monumental dans son architecture reptilienne et sa puissance émotionnelle, ce sont des fjords plongés dans une obscurité gelée qui se dressent alors dans toute leur sentencieuse majesté, charriant une beauté aussi frissonnante que solennelle. Alliage parfait entre la noirceur minérale de l'art noir et la force souterraine du doom, "Latum Alterum" témoigne des progrès réalisé par le duo depuis leur carte de visite. Amorce à la fois ensorcelante et pétrifiée, 'The Brightest Light' symbolise autant cette hybridation qu'une inspiration décuplée. A l'autre bout lui répond le massif 'Evig Hvile / Libera Me', sentinelle dont la lenteur suffocante se conjugue à un désespoir prisonnier d'une congère. Ces deux titres érigent un rempart gonflé d'émotions, que fortifient d'autres gemmes tels que 'One Night Of Cruelty' ou 'Embrace The Dark', plus directs mais non moins obsédants. La Norvégienne trouve dans le substrat rampant que creuse son compagnon du nouveau monde le réceptacle idéal pour sa voix expressive tour à tour cérémonieuse et aérienne, vestale d'un doom liturgique figé une nuit hivernale. Si le genre, quand il est guidé par une chanteuse qui lui confère alors une part de sa magie (noire), ne surprend plus, "Latum Alternum" n'en honore pas moins cette alliance de mélancolie occulte et de romantisme rituel. Souhaitons pour conclure que The Sabbathian se montre à l'avenir moins paresseux pour lui offrir un successeur que nous attendrons avec une impatience non feinte... (14.01.2019 | Music Waves)
Si le fruit de l'union du guitariste de Hour Of 13 et de l'ancienne sirène de Nàttsòl annonçait un doom gainé d'une féminité polaire dont l'EP originel fut l'écrin délicieux, à la fois plombé et occulte, "Latum Alterum" confère à ce socle rocailleux une autre dimension, certes toujours aussi heavy et entêtante mais surtout beaucoup plus sombre sinon ténébreuse. Gisant doloriste, The Sabbathian enjambe le Styx en franchissant le pont qui mène au black metal. Le manche de Davis est taillé dans le bois de ces églises incendiées jadis. Grésillantes, les lignes qu'il forge ont quelque chose d'échardes empoisonnées qui raclent la peau, libérant une semence polluée quasi burzumienne.
Il suffit de fermer les yeux en écoutant le lancinant 'Liti Kjersti' pour avoir l'impression de (presque) découvrir un "Filosofem" qui aurait troqué la voix de gargouille de Varg Vikerness pour celui d'une prêtresse lumineuse. La jeune femme, quant à elle, fait souffler le vent du Grand Nord, capable de transformer en glace tout ce qui l'entoure. Et lorsqu'elle est accompagnée par sa fragile compatriote Liv Kristine, le temps d'un 'Head Of A Traitor', monumental dans son architecture reptilienne et sa puissance émotionnelle, ce sont des fjords plongés dans une obscurité gelée qui se dressent alors dans toute leur sentencieuse majesté, charriant une beauté aussi frissonnante que solennelle. Alliage parfait entre la noirceur minérale de l'art noir et la force souterraine du doom, "Latum Alterum" témoigne des progrès réalisé par le duo depuis leur carte de visite. Amorce à la fois ensorcelante et pétrifiée, 'The Brightest Light' symbolise autant cette hybridation qu'une inspiration décuplée. A l'autre bout lui répond le massif 'Evig Hvile / Libera Me', sentinelle dont la lenteur suffocante se conjugue à un désespoir prisonnier d'une congère. Ces deux titres érigent un rempart gonflé d'émotions, que fortifient d'autres gemmes tels que 'One Night Of Cruelty' ou 'Embrace The Dark', plus directs mais non moins obsédants. La Norvégienne trouve dans le substrat rampant que creuse son compagnon du nouveau monde le réceptacle idéal pour sa voix expressive tour à tour cérémonieuse et aérienne, vestale d'un doom liturgique figé une nuit hivernale. Si le genre, quand il est guidé par une chanteuse qui lui confère alors une part de sa magie (noire), ne surprend plus, "Latum Alternum" n'en honore pas moins cette alliance de mélancolie occulte et de romantisme rituel. Souhaitons pour conclure que The Sabbathian se montre à l'avenir moins paresseux pour lui offrir un successeur que nous attendrons avec une impatience non feinte... (14.01.2019 | Music Waves)
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