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Jean-Pierre Melville | Le cercle rouge (1970)
























Avant-dernier film de Jean-Pierre Melville, Le cercle rouge marque pour lui une forme d'aboutissement, d'achèvement même, dans son expression froide et hiératique sinon désincarnée, du polar. Proche du Samouraï (1967), par sa lenteur silencieuse et cette façon de vider le genre de tout son apparat et de toutes ses conventions, il s'en éloigne cependant par un caractère moins abstrait quoique tout aussi austère.

Plus lent que long, malgré ses 2h20 de pellicules, Le cercle rouge mise sur l'épure. Epure d'un scénario réduit à un classique récit de cambriolage. Epure de personnages qui ne sont que des silhouettes fantomatiques flottant dans un costume qui les identifie. Epure d'une bande-son néanmoins remarquable. Epure enfin de paysages, urbains ou terreux, figés par le froid. Quasi silencieuse, la première partie suit la mise en place parallèle des différents protagonistes comme des pièces d'un échiquier, jusqu'à ce que leur destin finisse par se croiser. Destinée et fatalité enserrent ce quatuor dont les femmes sont presque absentes, réduites à de vagues formes. De là, la solitude de personnages liés par une homosexualité à peine voilée... Tout Melville se trouve résumé, synthétisé dans ce film cérébral aux allures de testament quand bien même il sera suivi par le mal-aimé car inabouti Un flic. Il faut citer en cela la (longue) séquence du cambriolage, modèle du genre, sans dialogues où la précision millimétrée des gestes l'emportent sur la force. Il va sans dire enfin que chaque comédien est parfait parce que très bien choisi : Delon, muré dans sa froideur, Volonte, toute en intériorité, Montand qui, en flic déchu qui a sombré à cause de l'alcool, démontre que le registre dramatique lui sied davantage que la comédie et surtout Bourvil, fatigué et mélancolique, éloigné de ses rôles habituels, lequel décédera peu avant la sortie du film. Ajoutons à ce quatuor les toujours impeccable François Perier et Paul Crauchet. (Vu le 09/09/2018)






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