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KröniK | Fvneral Fvkk - Lecherous Liturgies (2017)


Le nom de ce nouveau prêtre de la chapelle doom ne doit pas vous effrayer car son contenu se révèle contre toute attente bien moins patibulaire que ce que son contenant laisse présager de prime abord et ce, quand bien même cette dimension crue et evil ne déserte pas, bien au contraire un univers perverti et tristement blasphématoire. De là le troublant décalage entre des textes au goût tenace de stupre qui se repaissent dans la débauche et la nécrophilie et une bande sonore étonnamment mélodique, cependant noircie par quelques vocalises caverneuses qui vont bien et une âpreté minérale qui fait plus qu’affleurer à la surface.
Il faut dire que, planqués derrière des pseudonymes aux consonances ecclésiastiques, les membres de Fvneral Fvkk sont des spéléologues éprouvés issus des rangs d’Ophis, Fäulnis et Crimson Swan. Bref ni des puceaux qui viendraient juste de découvrir le plaisir du Sacro Saint riff ni de gentils vicaires prêchant la bonne parole. Ils n’ont pas seulement le doom qui coule à flot dans leurs veines mais s’inscrivent dans une tradition toute germanique du genre, abrupte et granitique, austère et sentencieuse, empreinte d’une gravité solennelle qui leur dicte une partition rongée par le désespoir le plus absolu, le plus noble aussi, mais que voile néanmoins une pale lumière. En trois psaumes, « Lecherous Liturgies » creuse au burin un art plus mélancolique que funèbre plus heavy que death dont les arcs-boutants sont autant ce chant clair qui abrite toute la misère du monde que ces guitares taillées dans le marbre froid. Ce clair-obscur trouve sa plus admirable expression dans un ‘Erection In The House Of God’, véritable déclaration de foi qui brille d’un éclat funéraire où s’accouplent sur un autel souillé par le sang de vierges empalées, ces riffs cendreux crachés des entrailles de la terre et cette voix minée par le désespoir le plus profond avant qu’un solo sabbathien ne viennent fermer cette cérémonie. En six minutes, la messe (noire) est dite. Sans atteindre tout à fait la même excellence suprême, ‘Underneath The Phelonion’ et ‘Fvkking At Fvnerals’ brûlent d’une ardeur ténébreuse identique, tissant une toile dont chaque fil est une note douloureuse, procession pétrifiée aux allures d’orgie satanique. Fossoyeuses et vigies perçant la brume, les guitares y sont telluriques et belles comme le corps endormi d’une femme que l’on s’apprête à profaner. Certes (trop) court rituel de moins de vingt minutes, « Lecherous Liturgies » n’a pourtant pas besoin de plus pour racler dans la mémoire de venimeux résidus, opuscule noirâtre miné par une mortuaire inexorabilité. 3.5/5 (17/07/2017)


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