S'il nous arrive souvent d'être abusé par un chant féminin aussi testiculeux que celui d'un homme, l'inverse, quoique plus rare, existe également.
Ainsi la défloration de "The Long Lost Art Of Getting Lost", troisième opus de A Stick And A Stone, nous a tout d'abord égarés entre Amber Asylum et Worm Ouroboros et leurs prêtresses éthérées, nous laissant bercer par une voix androgyne, celle de Elliott Harvey, bassiste et principal auteur au sein d'un duo que complète Myles Donovan (violon et harpe). Point de déesse à l'horizon donc, même si l'illusion est parfaite, mais les connexions spirituelles au doom atmosphérique et ankylosé cher à Kris Force n'en demeurent pas moins évidentes et pas seulement parce qu'elle s'est chargée du mastering de cette offrande. Le tandem de Philadelphie arpente des territoires désolés identiques, hantés par des lignes vocales murmurées ou plaintives et des cordes osseuses.
Reste que l'art de A Stick And A Stone se révèle plus encore dans son minimalisme douloureux. De ses artères décharnées s'écoule une mélancolie fantomatique dont le parfum d'éther nous engourdit avant de nous entraîner au fond d'un abîme de tristesse. Pulsative, la musique tricotée par les deux hommes invite au recueillement, voyage mortuaire et contemplatif où la vie a été balayée. "The Long Lost Art Of Getting Lost" n'est que désespoir et contrition, tunnel désenchanté au duquel il ne peut y avoir que la mort. Spectrales, ces plaintes dérivent dans un océan cotonneux presque insaisissable. Quelques accords squelettiques, une basse sismique ('Spier Bite') et surtout ce voile vocal asexué suffisent au groupe pour esquisser un univers nocturne léché par les limbes. Cela pourrait se solder par un ennui profond mais cette épure vespérale confine à une forme de beauté transie au souffle funéraire ('Hawk'). Cependant, ces respirations n'en trahissent pas moins un travail d'écriture extrêmement recherché, ce dont témoigne une piste telle que 'Erosion' d'une tessiture ouatée riche en arrangements. Même constat avec le long 'Prescription', échappée percussive où le violon est drapé dans un brouillard de sonorités ambient. Prisonnier d'une geôle enfouie sous la mer, 'Arrow' vibre sous les coups de pilon hypnotiques empreints d'une sourde sécheresse de musiciens à l'unisson d'une poésie funèbre, peintre d'un art endormi dont les secousses résonnent comme d'ultimes battements de coeur. Dans le sillage de l'irremplaçable Amber Asylum, A Stick And A Stone est le chantre d'un doom à la fois organique et ascétique, funèbre et vaporeux. (15/07/2017)
Ainsi la défloration de "The Long Lost Art Of Getting Lost", troisième opus de A Stick And A Stone, nous a tout d'abord égarés entre Amber Asylum et Worm Ouroboros et leurs prêtresses éthérées, nous laissant bercer par une voix androgyne, celle de Elliott Harvey, bassiste et principal auteur au sein d'un duo que complète Myles Donovan (violon et harpe). Point de déesse à l'horizon donc, même si l'illusion est parfaite, mais les connexions spirituelles au doom atmosphérique et ankylosé cher à Kris Force n'en demeurent pas moins évidentes et pas seulement parce qu'elle s'est chargée du mastering de cette offrande. Le tandem de Philadelphie arpente des territoires désolés identiques, hantés par des lignes vocales murmurées ou plaintives et des cordes osseuses.
Reste que l'art de A Stick And A Stone se révèle plus encore dans son minimalisme douloureux. De ses artères décharnées s'écoule une mélancolie fantomatique dont le parfum d'éther nous engourdit avant de nous entraîner au fond d'un abîme de tristesse. Pulsative, la musique tricotée par les deux hommes invite au recueillement, voyage mortuaire et contemplatif où la vie a été balayée. "The Long Lost Art Of Getting Lost" n'est que désespoir et contrition, tunnel désenchanté au duquel il ne peut y avoir que la mort. Spectrales, ces plaintes dérivent dans un océan cotonneux presque insaisissable. Quelques accords squelettiques, une basse sismique ('Spier Bite') et surtout ce voile vocal asexué suffisent au groupe pour esquisser un univers nocturne léché par les limbes. Cela pourrait se solder par un ennui profond mais cette épure vespérale confine à une forme de beauté transie au souffle funéraire ('Hawk'). Cependant, ces respirations n'en trahissent pas moins un travail d'écriture extrêmement recherché, ce dont témoigne une piste telle que 'Erosion' d'une tessiture ouatée riche en arrangements. Même constat avec le long 'Prescription', échappée percussive où le violon est drapé dans un brouillard de sonorités ambient. Prisonnier d'une geôle enfouie sous la mer, 'Arrow' vibre sous les coups de pilon hypnotiques empreints d'une sourde sécheresse de musiciens à l'unisson d'une poésie funèbre, peintre d'un art endormi dont les secousses résonnent comme d'ultimes battements de coeur. Dans le sillage de l'irremplaçable Amber Asylum, A Stick And A Stone est le chantre d'un doom à la fois organique et ascétique, funèbre et vaporeux. (15/07/2017)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire