Malemort, qu'il ne faut bien entendu pas confondre avec son (quasi) homonyme évoluant dans les ténèbres de l'art noir, annonce pratiquer du metal libre. Késako ? Il s'agit, comme le précisent ses membres, d'un rock sans étiquettes ni chapelles. Refusant ainsi d'être inféodés à un quelconque genre, ces musiciens épris de liberté et d'indépendance prennent soin de gommer les frontières, ne se donnant aucune limite, ambition ô combien louable déjà à l'œuvre sur "French-Romances", leur premier jet, et aujourd'hui amplifiée par ce "Ball Trap" aussi frais que surprenant.
Si le recours à la langue de Molière paraît de prime abord arrimer le groupe à une certaine tradition hexagonale, la musique qu'il forge ne ressemble en réalité à rien de balisé et encore moins de calibré, faisant naître dans l'esprit une myriade d'images, tour à tour progressives, heavy, thrash, sudistes voire carrément pop (et pourquoi pas ?). C'est lourd parfois ('Madame'), remuant aussi ('Cabaret Voltaire'), décontracté souvent, direct toujours. Et puissamment inspiré surtout. Au nombre de onze, les titres s'enchaînent sans temps mort, tous plus mémorables les uns que les autres, irrigués par de mordantes lignes vocales qui galopent sur une piste solidement dressée par des techniciens qui ont l'intelligence de mettre leur insolent savoir-faire au service d'un ensemble homogène, au ton juste en dépit des nombreuses forces qui le travaillent. Mention spéciale d'ailleurs aux guitaristes dont les interventions zèbrent l'écoute de fulgurances acérées à l'image de ce 'Décadence' groovy en diable ou de cette 'Fille de Manchester', d'une lenteur aussi crépusculaire que désespérée, théâtre de belles saillies progressives. Rapidement, on se surprend à fredonner ces mélodies aiguisées, signe des grands disques. Et des grands groupes. Bien que le chant en français puisse peut-être freiner son exposition en dehors de nos frontières, outre le fait qu'il imprime sa marque extrêmement personnelle au son du groupe, il est le pinceau servant à conter un récit qui plonge l'auditeur dans les années-folles, époque aussi foisonnante qu'insouciante dans laquelle Malemort puise justement sa liberté de ton comme de trait. Expressive et fascinante, la voix de Xavier sert de guide au charme vénéneux ('Mon nom'), narrateur théâtral dont les paroles poétiques ferrent l'auditeur dès l'éponyme 'Ball Trap', lequel amorce une écoute savoureuse et singulière qui ne débande jamais. Soutenu par un rempart instrumental du feu de dieu parfois tavelé de tendres arrangements, ces lignes vocales emportent tout dans leur sillage, propulsant ces compos ciselées avec une force robuste qui se conjugue à une sourde amertume. Entre un 'Mille Regards' dont le refrain s'accroche à la mémoire comme une moule à un rocher et lui aussi réceptacle de brillantes effusions guitaristiques, ce 'Brume' qui envoûte autant qu'il donne envie de taper du pied, nimbé de sombres effluves, ou bien encore le terminal 'Carnaval Cannibale' dans lequel coule une sève rageuse et sans omettre ceux déjà cités, les brûlots s'empilent au sein de ce menu incendiaire auquel il ne manque qu'une prise de son plus tranchante pour se montrer plus incisif qu'il n'est déjà, réserve très relative qui toutefois n'empêche nullement Malemort de frapper très fort, secouant un landerneau métallique qui en avait bien besoin ! 3.5/5 (2017) | Facebock
Si le recours à la langue de Molière paraît de prime abord arrimer le groupe à une certaine tradition hexagonale, la musique qu'il forge ne ressemble en réalité à rien de balisé et encore moins de calibré, faisant naître dans l'esprit une myriade d'images, tour à tour progressives, heavy, thrash, sudistes voire carrément pop (et pourquoi pas ?). C'est lourd parfois ('Madame'), remuant aussi ('Cabaret Voltaire'), décontracté souvent, direct toujours. Et puissamment inspiré surtout. Au nombre de onze, les titres s'enchaînent sans temps mort, tous plus mémorables les uns que les autres, irrigués par de mordantes lignes vocales qui galopent sur une piste solidement dressée par des techniciens qui ont l'intelligence de mettre leur insolent savoir-faire au service d'un ensemble homogène, au ton juste en dépit des nombreuses forces qui le travaillent. Mention spéciale d'ailleurs aux guitaristes dont les interventions zèbrent l'écoute de fulgurances acérées à l'image de ce 'Décadence' groovy en diable ou de cette 'Fille de Manchester', d'une lenteur aussi crépusculaire que désespérée, théâtre de belles saillies progressives. Rapidement, on se surprend à fredonner ces mélodies aiguisées, signe des grands disques. Et des grands groupes. Bien que le chant en français puisse peut-être freiner son exposition en dehors de nos frontières, outre le fait qu'il imprime sa marque extrêmement personnelle au son du groupe, il est le pinceau servant à conter un récit qui plonge l'auditeur dans les années-folles, époque aussi foisonnante qu'insouciante dans laquelle Malemort puise justement sa liberté de ton comme de trait. Expressive et fascinante, la voix de Xavier sert de guide au charme vénéneux ('Mon nom'), narrateur théâtral dont les paroles poétiques ferrent l'auditeur dès l'éponyme 'Ball Trap', lequel amorce une écoute savoureuse et singulière qui ne débande jamais. Soutenu par un rempart instrumental du feu de dieu parfois tavelé de tendres arrangements, ces lignes vocales emportent tout dans leur sillage, propulsant ces compos ciselées avec une force robuste qui se conjugue à une sourde amertume. Entre un 'Mille Regards' dont le refrain s'accroche à la mémoire comme une moule à un rocher et lui aussi réceptacle de brillantes effusions guitaristiques, ce 'Brume' qui envoûte autant qu'il donne envie de taper du pied, nimbé de sombres effluves, ou bien encore le terminal 'Carnaval Cannibale' dans lequel coule une sève rageuse et sans omettre ceux déjà cités, les brûlots s'empilent au sein de ce menu incendiaire auquel il ne manque qu'une prise de son plus tranchante pour se montrer plus incisif qu'il n'est déjà, réserve très relative qui toutefois n'empêche nullement Malemort de frapper très fort, secouant un landerneau métallique qui en avait bien besoin ! 3.5/5 (2017) | Facebock
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