A force de chroniquer les nombreuses hosties que Misery ne manque jamais de livrer une fois par an, si ce n'est davantage, nous pourrions craindre de ne plus avoir grand chose à dire à son sujet et que la semence de l'âme solitaire qui anime cette entité confidentielle finisse par se tarir. Encore une fois pourtant, il n'en est rien et Asthenia vient inoculer tranquillement son venin funèbre dans nos veines. Après Mélancolie IV et attendant le successeur longue durée de No Days To The Funeral (2015), Fille de Misère continue de ruminer son mal être sous la forme d'un EP que remplissent seulement deux pistes.
Connaissant le goût du maître des lieux pour les pièces étirées, architecture dictée de toute façon par la nature lancinante de cet art noir funéraire, la messe franchit cependant la barre des vingt minutes au compteur. Bien entendu, certains argueront peut-être que toutes les offrandes de Misery tendent à se ressembler, égrenant les mêmes compositions volontairement répétitives qui macèrent dans une flaque mélancolique et boueuse. Alors certes, la signature du Français se révèle reconnaissable entre mille, pour qui le suit depuis toutes ces années. Cette guitare ferrugineuse, le pouls hypnotique de cette batterie nimbée de brume comme ce chant écorché qui perce la nuit, nous sont ainsi familiers. Mais outre le fait qu' il serait malhonnête d'affirmer que l'homme se contente à chaque fois de ronger le même matériau, on s'en moque pas mal en définitive tant la magie (noire) opère à tous les coups, ce dont témoigne Severed, première des deux plaintes de cet opuscule qui voit l'obscurité peu à peu la grignoter, étirant son spleen trempé dans la rouille. Quelques lointaines voix claires viennent toutefois en parasiter la trame qui se délite lentement jusqu'aux notes finales et squelettiques, belles comme un chat qui dort. Flirtant avec le shoegaze, Nerves démarre sur quelques accords décharnés avant de cracher une cyprine plus misérable que dépressive, plus triste que funèbre, les cris de haine cèdent alors la place à des râles de détresse. Présenté dans une édition aussi noble que limitée, selon les respectables habitudes du label Distant Voices, Asthenia est une ode maladive d'une douloureuse et morbide beauté. 3.5/5 (2017)
Connaissant le goût du maître des lieux pour les pièces étirées, architecture dictée de toute façon par la nature lancinante de cet art noir funéraire, la messe franchit cependant la barre des vingt minutes au compteur. Bien entendu, certains argueront peut-être que toutes les offrandes de Misery tendent à se ressembler, égrenant les mêmes compositions volontairement répétitives qui macèrent dans une flaque mélancolique et boueuse. Alors certes, la signature du Français se révèle reconnaissable entre mille, pour qui le suit depuis toutes ces années. Cette guitare ferrugineuse, le pouls hypnotique de cette batterie nimbée de brume comme ce chant écorché qui perce la nuit, nous sont ainsi familiers. Mais outre le fait qu' il serait malhonnête d'affirmer que l'homme se contente à chaque fois de ronger le même matériau, on s'en moque pas mal en définitive tant la magie (noire) opère à tous les coups, ce dont témoigne Severed, première des deux plaintes de cet opuscule qui voit l'obscurité peu à peu la grignoter, étirant son spleen trempé dans la rouille. Quelques lointaines voix claires viennent toutefois en parasiter la trame qui se délite lentement jusqu'aux notes finales et squelettiques, belles comme un chat qui dort. Flirtant avec le shoegaze, Nerves démarre sur quelques accords décharnés avant de cracher une cyprine plus misérable que dépressive, plus triste que funèbre, les cris de haine cèdent alors la place à des râles de détresse. Présenté dans une édition aussi noble que limitée, selon les respectables habitudes du label Distant Voices, Asthenia est une ode maladive d'une douloureuse et morbide beauté. 3.5/5 (2017)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire