AU PIF

Paul Schrader | Affliction (1997)


Chez Paul Schrader, l'argument policier n'est le plus souvent qu'un prétexte à une mise en abyme psychologique, que l'on songe à Hardcore ou a American Gigolo. Et il en va ainsi de Affliction, d'ailleurs un de ses meilleurs films. La vague intrigue, née d'un banal accident de chasse, disparaît vite, ensevelie sous la neige, énigme dont on comprend à la fin qu'elle n'a en réalité jamais existé ailleurs que dans le cerveau de plus en plus ravagé de son personnage principal, joué par un Nick Nolte qui retrouve enfin un rôle à sa (dé)mesure.
Adapté d'un roman de Russell Banks, le film se veut avant tout le portrait d'un homme meurtri, un péquenot qui s'agite dans une petite bourgade enneigée du New Hampshire, lequel croit trouver dans la mort d'un notable une issue, une échappatoire à sa vie qui fout le camp, qui prend l'eau de toute part. Mais à peu, il ne fait que s'enfoncer sans aucun espoir de retour. Naturaliste, Affliction est un film sur la fatalité, sur une hérédité à laquelle on ne peut échapper, sur le besoin de tuer le père, de façon symbolique ou pas. Si elle n'est pas totalement aboutie, parasitée par une voix off qui ne s'imposait pas, l'oeuvre tire sa force de sa sécheresse de trait, de sa justesse de ton, évitant le misérabilisme et surtout du jeu brutal d'un James Coburn étonnant.



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