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KröniK | Seremonia - Pahuuden Äänet (2016)


Fait désormais assez rare pour être noté à une époque où règne plus que jamais le conformisme, Seremonia possède depuis toujours une place résolument à part au sein de cette nébuleuse mêlant chant de prêtresse et effluves psychédéliques. Sans doute son origine géographique, le pays des mille lacs, n'est-elle pas étrangère à cette singularité, les textes en finnois ainsi que cette sensibilité forestière teintée d'une poésie froide, participant d'une personnalité aussi unique qu'attachante qui doit beaucoup de son charme, enfin, à la voix étrange de sa vestale Noora Federley, qui résonne comme un écho lointain. Trois offrandes ont déjà coulé sous les ponts depuis 2012, esquissant un univers de plus en plus évolutif dans son expression d'un rock coloré aux pigments des seventies. Toujours aussi productif, le groupe revient cet automne avec « Pahuuden Äänet » dont le nom, qui signifie en anglais « voices of evil », souligne à nouveau la douce noirceur de cette partition dont les trais certes bien marqués ne l'empêchent pas de se renouveler à chaque fois, par petites touches pointillistes. Alors que son prédécesseur, « Kristalliarkki » laissait entrevoir des velléités franchement progressives, à l'image de son diptyque éponyme dont le premier segment voisinait avec le quart d'heure de musique, on serait tenté au départ de rapprocher ce quatrième opus d'un « Ihminen » (2013) plus direct, seuls deux de ses pistes franchissant la barre des cinq minutes. En réalité, il suit à son tour, son propre chemin au tracé sinueux, certes confortable pour le fidèle quoique toujours perturbé par une folie sourde, tapie dans les replis de sa chair intime. Ecartant d'ordinaire les lèvres avec un titre très court, Seremonia lance cette fois-ci l'écoute avec un 'Orjat', qui compte parmi les compos les plus longues – et les plus jouissives - du menu, lente plainte avalée par une brume spatiale qui l'entraîne aux confins d'un trou noir. Après cette entame du feu de dieu, des pulsations plus accrocheuses ('Sielun Kuolema', 'Me Kutsumme Sitaä') bien que toujours rongées par l'acide ('Uusi Aamu Sarastaa' et son orgue tordu), en côtoient d'autres (bien) plus expérimentales, de 'Riivatut' que berce une houle psychédélique à 'Ne Ovat Jo Täällä', pourvue d'une curieuse amorce un peu jazzy et tout du long secouée par des coups de boutoir fiévreux et cosmiques, sans oublier ce 'Riudut Ja Kuolet' où s'accouplent flûte sombrement boisée et vocalises sentencieuses d'une poésie obscure avant de décoller vers les étoiles avec un solo lumineux. Les Finlandais continuent de travailleur leur art et se fendent avec « Pahuuden Äänet » d'un album délicieux, glacial et généreux tout ensemble, aventureux et toujours détenteur de cette identité aussi unique que précieuse. 3.5/5 (2016)


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