On comprend mieux la nature singulière que revêt son art quand on sait que 1476 est enraciné dans la terre de Salem qui l'a vu naître en 2009, ville du Massachusetts imprégnée d'histoire et de légendes, liant ainsi à tout jamais son nom à celui de femmes jugées pour sorcellerie dans une Amérique du XVIIème siècle alors en proie à un puritanisme hystérique.
Derrière ce chiffre mystérieux se cache donc un groupe qui l'est tout autant en ce sens où sa signature demeure aussi inclassable qu'indescriptible, errant quelque part entre art rock, ambient, post punk et neofolk. Que Prophecy Productions ait décidé de l'accueillir dans son catalogue n'est pas surprenant, ce qui l'est davantage est qu'il ne l'ait pas fait plus tôt tant les connexions à la fois sonores et spirituelles entre les deux partis s'avèrent évidentes.
Toutefois, le duo composé de Neil Derosa et Rob Kavjian qui se partagent tous les instruments, n'a pas attendu le label allemand pour distiller sa mélancolie aussi intimiste que terreuse, par l'entremise d'une poignée de réalisations (trois albums longue durées, 2 EP et un live à ce jour) dont le caractère artisanal - tout, de l'écriture à la production en passant par la distribution via le label Seraphilm Music, n'est le fait que du seul tandem - ne les a pas empêchés de rencontrer leur public, prouvant en cela qu'une indépendance farouche peut triompher de la confidentialité, dès lors que le talent est là. Mieux, de cette dimension autarcique, 1476 a extrait une bonne part de cette aura solitaire et énigmatique qui est la sienne. "Wildwood", l'opus qui vient aujourd'hui sceller cette alliance naturelle, n'est pas inédit puisqu'il a été publié à l'origine en 2012, succédant alors à l'originel "Wolf's Age", gravé trois ans plus tôt, mais sa seconde vie le voit s'enrichir des quatre titres animant "The Nightside", EP issu des mêmes sessions d'enregistrement et sorti peu après. Le tout forme un corpus cohérent dont la (re)découverte révèle toutes les subtilités d'une musique pour le moins personnelle. Personnelle car égrenée tout autant par un chant profondément émotionnel mais qui n'hésite pas à hurler ('Black Cross – Death Rune') que par des guitares ferrugineuses au goût prononcé de rouille. La peau mordue par la brise d'un doucereux désespoir ('The Dagger'), ces compositions, au format resserré pour la plupart, charrient leur désenchantement automnal au gré de mélodies envoûtantes dont l'apparente tranquillité couve en réalité une tension rentrée. D'une sécheresse de traits, les arrangements participent d'une gravité aussi noble que pure, à l'image de 'Good Morning, Blackbird' et ses notes de piano finales, cependant que de parcimonieuses voix féminines, introduisant nombre de chansons ('Watchers'), diffusent une poésie fragile. Souvent minimaliste, comme l'illustre l'instrumental ambient 'Banners In Bohemia', l'art des Américains n'en demeure pas moins tortueux, témoin ce 'Horse Dysphoria', qui voit son tempo s'emballer après une première partie acoustique avant de mourir sur ces mêmes accords dépouillés. Apogée de l'écoute, longue de plus de dix minutes, 'The Golden Alchemy clôt "Wildwood" en beauté, pulsation progressive tout d'abord emportée par un torrent rythmique qui cède rapidement du terrain au profit d'une lente et répétitive déréliction bercée par une narration féminine et masculine. Suivent ensuite les quatre titres de "The Nightside", qui viennent obscurcir plus encore cette atmosphère fébrile, entre noirceur déglinguée ('Mutable : Cardinal'), tristesse squelettique ('The Nightside') et folk étrange ('Know Thyself, Dandy'). Idéale porte d'entrée d'un univers singulier, cette réédition est à conseiller à tous ceux qui souhaiteraient découvrir ce duo aussi rare que précieux. (24.08.2016 | Music Waves)
Derrière ce chiffre mystérieux se cache donc un groupe qui l'est tout autant en ce sens où sa signature demeure aussi inclassable qu'indescriptible, errant quelque part entre art rock, ambient, post punk et neofolk. Que Prophecy Productions ait décidé de l'accueillir dans son catalogue n'est pas surprenant, ce qui l'est davantage est qu'il ne l'ait pas fait plus tôt tant les connexions à la fois sonores et spirituelles entre les deux partis s'avèrent évidentes.
Toutefois, le duo composé de Neil Derosa et Rob Kavjian qui se partagent tous les instruments, n'a pas attendu le label allemand pour distiller sa mélancolie aussi intimiste que terreuse, par l'entremise d'une poignée de réalisations (trois albums longue durées, 2 EP et un live à ce jour) dont le caractère artisanal - tout, de l'écriture à la production en passant par la distribution via le label Seraphilm Music, n'est le fait que du seul tandem - ne les a pas empêchés de rencontrer leur public, prouvant en cela qu'une indépendance farouche peut triompher de la confidentialité, dès lors que le talent est là. Mieux, de cette dimension autarcique, 1476 a extrait une bonne part de cette aura solitaire et énigmatique qui est la sienne. "Wildwood", l'opus qui vient aujourd'hui sceller cette alliance naturelle, n'est pas inédit puisqu'il a été publié à l'origine en 2012, succédant alors à l'originel "Wolf's Age", gravé trois ans plus tôt, mais sa seconde vie le voit s'enrichir des quatre titres animant "The Nightside", EP issu des mêmes sessions d'enregistrement et sorti peu après. Le tout forme un corpus cohérent dont la (re)découverte révèle toutes les subtilités d'une musique pour le moins personnelle. Personnelle car égrenée tout autant par un chant profondément émotionnel mais qui n'hésite pas à hurler ('Black Cross – Death Rune') que par des guitares ferrugineuses au goût prononcé de rouille. La peau mordue par la brise d'un doucereux désespoir ('The Dagger'), ces compositions, au format resserré pour la plupart, charrient leur désenchantement automnal au gré de mélodies envoûtantes dont l'apparente tranquillité couve en réalité une tension rentrée. D'une sécheresse de traits, les arrangements participent d'une gravité aussi noble que pure, à l'image de 'Good Morning, Blackbird' et ses notes de piano finales, cependant que de parcimonieuses voix féminines, introduisant nombre de chansons ('Watchers'), diffusent une poésie fragile. Souvent minimaliste, comme l'illustre l'instrumental ambient 'Banners In Bohemia', l'art des Américains n'en demeure pas moins tortueux, témoin ce 'Horse Dysphoria', qui voit son tempo s'emballer après une première partie acoustique avant de mourir sur ces mêmes accords dépouillés. Apogée de l'écoute, longue de plus de dix minutes, 'The Golden Alchemy clôt "Wildwood" en beauté, pulsation progressive tout d'abord emportée par un torrent rythmique qui cède rapidement du terrain au profit d'une lente et répétitive déréliction bercée par une narration féminine et masculine. Suivent ensuite les quatre titres de "The Nightside", qui viennent obscurcir plus encore cette atmosphère fébrile, entre noirceur déglinguée ('Mutable : Cardinal'), tristesse squelettique ('The Nightside') et folk étrange ('Know Thyself, Dandy'). Idéale porte d'entrée d'un univers singulier, cette réédition est à conseiller à tous ceux qui souhaiteraient découvrir ce duo aussi rare que précieux. (24.08.2016 | Music Waves)
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