Troisième album (seulement) et troisième label (déjà) pour Rimfrost qui aura mis quasiment sept ans pour accoucher - enfin - d'un successeur à "Veraldar Nagli", grâce auquel un public plus large l'a découvert. Alors hébergés chez Season Of Mist, les Suédois avaient toutes les cartes en main pour se faire un nom et s'imposer comme une valeur sûre de la chapelle noire scandinave. Las, tout est désormais (presque) à recommencer. D'où le titre éponyme de ce nouveau méfait qui sonne comme un second départ. Disparu des écrans-radars, le groupe n'a cependant pas profité de ce silence forcé pour évoluer voire gommer ce que des grincheux lui ont toujours reproché, à savoir d'être une pâle copie du Immortal dernière époque. Sauf que, entre ce qu'il reste à ce jour de ce dernier et le galop d'essai de Abbath, nouveau projet de l'ancien leader des Norvégiens, presque décevant eu égard aux attentes qu'il suscitait, cette quasi résurrection de Rimfrost tombe à point nommé pour épancher notre soif d'un metal noir épique taillé dans la roche froide d'un fjord éternel. Pourtant, avec pour seul visuel le logo du groupe se détachant sur un simple fond noir, cet opus ne se veut de prime abord guère engageant, méfiance renforcée par le fait que ce soit le modeste - quoique respectable - label Non Serviam Records qui l'édite, ce qui n'augurait pas nécessairement de bonnes choses. A tort car les Suédois, sans doute ragaillardis par cette abstinence et ce retour dans l'obscurité de la série B, dressent avec vigueur une créativité dont on ne les aurait pas vraiment crus capables. Et, nonobstant cette impression d'avoir toujours autant à faire à du Immortal bis, on peut affirmer que "Rimfrost" est un grand disque pour qui aime cet art noir enivré par de féroces mid-tempos dont l'âpre majesté donne envie de cavaler une hache à la main, une corne d'hydromel dans l'autre, en attendant le repos du guerrier. De fait, s'il paraît toujours bien difficile au trio de contester le tribut qu'il doit à l'aîné norvégien, preuve en est des 'Dark Prophecies', 'Ragnarök' ou 'Cold', lequel semble tout droit échappé de "All Shall Fall", la faute notamment au chant très abbathien biberonné au Destop de Hravn, reconnaissons-lui une faculté rare de faire souffler le blizzard, d'évoquer des images d'un Grand Nord mythologique et mythifié qu'incarnent les titres les lents tels que 'Witches Hammer' et l'énorme 'Beyond The Mountains Of Rime' aux modelés reptiliens. Rimfrost vient ni plus ni moins d'accoucher de l'album que tous les fans d'Immortal guettaient depuis sept ans ! 3.5/5(2016)
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