Commençons par les choses qui fâchent (un peu). Proposer un disque long de presque 80 minutes est un exercice ô combien casse-gueule, tant le risque de s'égarer, de voir l'auditeur décrocher en cours de route, est grand. Tel est donc l'écueil que n'évite pas Onirism. Mais on ne lui en voudra pas trop de pêcher par excès car "Cosmic Dream" se révèle suffisamment riche pour faire oublier cette bien relative faiblesse. Alors bien sûr, des esprits chagrins ne manqueront pas de souligner, en le regrettant, le caractère envahissant de ces nappes de synthés qui se noient parfois dans le sirop, ces arrangements kitsch vierges de l'emphase ténébreuse recherchée ('The Curse of Ahriman') ainsi que le son de cette batterie programmée. Soit. Pourtant le sieur Vrath, unique maître à bord qui telle une pieuvre se charge de tous les instruments et même de la prise de son, ceci justifiant l'aspect artisanal (ce n'est pas péjoratif) sinon bricolé de cette offrande, sait peindre de sombres ambiances qui bourgeonnent de toute part en une luxuriante forêt peuplée de créatures aussi mystérieuses qu inquiétantes. En l'espace de douze pistes, "Cosmic Dream" déroule les tentacules d'un black metal d'obédience symphonique dont les racines s'enfoncent dans le sol gelé de la Scandinavie des années 90. S'il donne par moment l'impression d'avoir voulu remplir le menu jusqu'à la gueule de tout ce qui lui passait par la tête, celui qui accompagne Belenos sur scène depuis 2012, gage de qualité s'il en est, possède une inspiration fertile, source de grands moments. Lorsqu'il drape son art de voiles orientaux, comme lors du premier segment du diptyque 'Ephemeral World', délicieusement ensorcelant, il sait alors nous transporter loin sur ses ailes démesurées vers des sphères célestes qui intriguent et fascinent. Auto-production certes, "Cosmic Dream" surprend par la belle tenue de sa production et sa richesse instrumentale foisonnante, laquelle éclate dès l'inaugural 'Purple Sky' avant se répandre tout du long de ces douze plages d'une noirceur enveloppante. Agressif parfois, grâce au chant démoniaque et aux guitares acérées du maître des lieux, mélodique toujours, l'album réclame nombre d'écoutes pour être défloré comme il le mérite. Proche de Dimmu Borgir, Bal Sagoth et Summoning, Onirism n'est pas pour autant dépourvu de personnalité qu'incarnent à la fois la dimension cosmique de son art et ces oripeaux pagan nichés dans les replis obscurs de son intimité. Voilà en définitive une bonne découverte de la part d'un artiste aussi sincère que talentueux. 3/5 (2016)
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