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Imago Mortis | Carnicon (2014)


C'est quasiment avec un an de retard que nous découvrons aujourd'hui ce "Carnicon" presque résurrectionnel. Mais qu'importe en réalité car l'essentiel réside justement dans l'écoute impérieuse de ce nouveau méfait des Italiens à côté duquel il aurait été coupable de passer. Désormais vétéran de la chapelle noire de la péninsule, puisqu'il a vu la nuit, rappelons-le, en 1994, d'abord sous le nom de Nema avant de changer définitivement d'identité quelques mois plus tard, Imago Mortis est donc de retour après cinq ans de silence, seulement brisés par un maigre EP baptisé Sgabula en 2012. Si le groupe n'a jamais été réputé pour sa frénétique créativité, il n'en demeure pas moins qu'il a cette fois-ci pris son temps pour enfanter ce qui n'est finalement que sa troisième offrande en vingt ans d'activisme obscur. Nombreux sont qui l'attendaient. Ils ne seront pas déçus, retrouvant intacte cette aura cryptique généralement de mise chez les hordes noires italiennes, que l'on songe à Tenebrarum De Principio, Blaze Of Sorrow ou Abhor, pour ne citer que trois exemples, par ailleurs très différents les uns des autres, de cette identité occulte que le soleil méditerranéen n'a curieusement jamais empêché de se développer. S'il sonne d'une manière extrêmement mélodique, Imago Mortis sait pourtant toujours capter, à sa façon épique et crépusculaire, ce feeling ténébreux auquel le recours à des paroles chantées en italien, confère un charme très particulier en même temps qu'une espèce de patine séculaire, comme un mal venu du fond des âges et de la nuit. Selon son habitude, le groupe déroule un menu fait de longues complaintes tutoyant les dix minutes au compteur. Cela pourrait être ennuyeux et sombrer dans une lenteur suicidaire or ce n'est jamais le cas, qualité que ces compositions aux allures de funestes rituels, tirent autant d'une prise de son crue sans l'être trop que d'une interprétation impeccable et d'une architecture sinueuse, reptilienne dont les racines sont ces guitares tranchantes, scalpels labourant la peau mais néanmoins entêtantes ('Oltretomba'). Imprimant un tempo souvent rapide, les Italiens savent heureusement serrer le frein à main, ce qu'illustre 'Per Chi Ga Renega La Feede', monumentale amorce qui place d'entrée de jeu la barre très haut que les titres suivants ne surpasseront jamais vraiment, même si 'Hodie Mihi Cras Tibi', lequel trempe dans cet humus burzumien si cher aux Italiens, incarne un autre sommet de cet album tout du long superbe de noirceur, car nimbé de froides ambiances nocturnes, à l'image de cette silhouette encapuchonnée errant dans un cimetière brumeux... 3,5/5 (2015)


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