Après plusieurs années d'errements discographiques, dont on peut dater le début à "Stabbing The Drama" en 2005, Soilwork en a étonné plus d'un avec "The Living Infinite", double ration d'une qualité presque inespérée sinon miraculeuse. Lui offrir un successeur n'était pas chose aisée. De fait, fortement attendus, les Suédois ne devaient pas décevoir. Se répéter ou resservir la formule faisandée qui a nourri "Sworn To The Great Divide" et "The Panic Broadcast", opus déjà oubliés, serait regrettable voire impardonnable. Contre toute attente, le groupe revient avec ce dixième album à un canevas classique, calibré : onze titres pour presque cinquante minutes de musique. Mais, l'inspiration à nouveau au garde-à-vous, Soilwork renoue avec la réussite brute et directe de ses vertes années. L'ère bénie de "Natural Born Chaos", sommet indétrônable de sa carrière, n'est même parfois pas si loin, la présence tutélaire de Devin Townsend en moins, bien entendu. Il suffit d'écouter la bombe éponyme en ouverture ou certains passages de 'Enemies In Fidelity' pour se convaincre de cette jouissive proximité. Ceux qui avaient abandonné le navire ces dix dernières années seront rassurés, trop heureux de reconnaître ce qui les avait autrefois séduits chez les Suédois, plus que jamais guidés par celui qui s'est finalement imposé comme le quasi maître des lieux, le chanteur Bjorn Strid. Avec ses vocalises aussi puissantes que versatiles, "The Ride Majestic" lui doit forcément beaucoup, comme l'illustrent 'Death In General' et plus encore 'The Phantom' que ses performances, hurlées ou plus claires, émaillent avec brio. Dense, le menu aligne les brûlots, hymnes intenses et catchy, mais témoigne pourtant que ses auteurs n'ont pas tout à fait muselé leurs velléités expérimentales. De fait, nombre de détails viennent perturber une écoute plus nuancée qu'il n'y paraît. Claviers progressifs ('Whirl Of Pain'), lignes de guitares gorgées de mélodies ('Father And Son', 'Watching The World Go Down'), cassures impromptues ('Petrichor By Sluphur', pièce d'une richesse superbe), tous les morceaux reposent sur une construction tumultueuse qui les rend à la fois constamment dynamiques et ambivalents dans leurs teintes d'une sombre limpidité. Bien que mité par de rares moments moins notables qui, placés en fin de parcours ('All Along Echoing Paths', 'Shining Lights') font quelque peu retomber l'intensité, "The Ride Majestic", oeuvre tout simplement jubilatoire, n'en souffre pas, louchant vers la réussite des trois premiers albums. Ce faisant, il fait donc plus que confirmer la forme retrouvée des Suédois, qu'on croyait presque perdus, en dépit d'un "The Living Infinite" de bonne mémoire. De retour dans la course, ils n'ont donc pas (encore) tout dit, ce qui augure d'un avenir prometteur... (2015)
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