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The Sword | High Country (2015)


Si les grands albums se reconnaissent (souvent) par cette capacité précieuse à ne se dévoiler que par petites touches pointillistes, alors "High Country" en est un. Incontestablement. Car on ne retient tout d'abord pas grand-chose de ce cinquième album de The Sword dont le menu est mité par de nombreuses pistes très (trop) courtes. Quand bien même ses auteurs ne se sont jamais distingués par le goût pour les compos épiques, ce canevas à base de quinze titres n'est pas de très bon augure. Décevante se veut donc sa défloration, surtout pour les fans de la première heure, dont fait partie votre serviteur, lesquels estiment, non sans raison, que les Américains ont bien changé depuis "Age Of Winters" en 2006, troquant progressivement leur stoner doom nourri à la mythologie nordique pour un hard rock solidement ancré dans la terre du Texas, évolution que ce nouvel opus scelle aujourd'hui (sans doute) de manière définitive. Ceci dit, le groupe possède une identité bien marquée, toujours reconnaissable, notamment grâce au chant du guitariste en chef J.D. Cronise. Puis, comme cela arrive parfois, le miracle survient, le charme finit par opérer, la magie s'installe, durablement. Malgré une intro sans intérêt en guise de préliminaire, les qualités de "High Country" se dressent peu à peu  pour finalement exploser en un puissant geyser d'effluves terreux et électriques. Ecriture ramassée et mélodies insolentes de beauté définissent cette collection d'hymnes énergiques dont les traits laisseront de durables sédiments dans la mémoire, joyaux ciselés comme de petits tableaux où chaque détail compte. De fait, comment résister à des titres tels que 'Empty Temples', 'Tears Like Diamonds' ou 'The Dreamthieves' et ces nappes de claviers délicatement spatiales, pour n'en citer que trois ? Impossible. Tout y est, la classe, le feeling, le talent. Habillé d'une prise de son rugueuse, l'album doit aussi sa réussite à sa diversité, alternant mécaniques fonçant pied au plancher, à l'image du fabuleux instrumental tout en progression 'Suffer No Fools' et pulsations lentes et ambiancées dont la plus belle se révèle certainement être 'Seriously Mysterious', nimbé lui aussi de volutes cosmiques et enrichi de chœurs séduisants. Faussement simple, chaque pièce composant "High Country" mériterait en réalité d'être nommée, preuve en est, à la fois de la maîtrise de The Sword, ce que nous savions déjà, et surtout de la valeur de ce disque, ce dont nous doutions quand même un peu au départ. Moins doom que "Gods Of The Earth", moins stoner que "Warp Riders", ce cru 2015 des Américains est tout simplement un grand disque de Rock avec un grand R, évidente pierre angulaire d'une carrière qui ne cesse de s'enrichir. (2015)


                                     

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