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Amorphis | Under The Red Cloud (2015)


Depuis une dizaine d'années et l'arrivée de Tomi Joutsen derrière le micro, les albums d'Amorphis se suivent et se ressemblent (beaucoup). Constants dans une qualité d'écriture que rien ne semble devoir éroder, même pas l'usure du temps, les Finlandais restent fidèles à une empreinte reconnaissable entre mille. Au moins, son public ne saurait être déçu, trop heureux de piocher dans chaque nouvelle livraison son quota d'hymnes inusables. Il serait pourtant injuste d'affirmer que leurs offrandes sont interchangeables car de discrètes nuances les distinguent en réalité les unes des autres. Il suffit d'écouter "Under The Red Cloud" pour s'en convaincre, successeur du solide "Circle", lequel nous avait rassurés après un "The Beginning Of Times" inodore bien que plaisant, comme toujours. Alors certes, la recette demeure immuable, tout comme ce canevas basé sur dix titres au format resserré, ciselés comme une mécanique d'orfèvrerie. Selon son habitude, Esa Holopainen décoche des riffs ensorcelants beaux comme un chat qui dort, comme sur 'Bad Blood', sans doute le Valhalla de l'album, les claviers de Santeri Kallio étendent un tapis soyeux tandis que Joutsen alterne grognements caverneux de sangliers en rut et chant clair, cadre connu néanmoins perturbé par un ton (un peu) plus dur qu'à l'accoutumée. De fait, si l'ensemble sonne toujours très mélodique, teinté de couleurs folkloriques ('Sacrifice'), les racines extrêmes du groupe font cette fois-ci plus qu'affleurer à la surface grâce à un Tomi plus hargneux que jamais, témoins par exemple les sombres 'The Skull', aux lointaines réminiscences de "Far From The Sun" et surtout 'The Four Wise Ones'. Nous ne manquerons pas de signaler aussi les touches orientales qui drapent 'Death Of A King' et 'Enemy At The Gates', dont la noire et lourde architecture surprend agréablement. Vous l'aurez donc compris, ce n'est pas encore cette fois qu'Amorphis décevra ses fans. Relativement plus death que ses directs prédécesseurs, "Under The Red Cloud" s'impose peut-être comme le meilleur opus des Finlandais depuis "Skyforger". Ce faisant, il illustre la forme éclatante d'un groupe qui ne fait décidément pas ses 25 ans d'âge. (2015)


                                     

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