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Anthares | To My Last Breath (2014)


Dinosaure sur le papier, du haut de ses (quasi) vingt ans d'âge (voire même davantage si l'on compte ses débuts sous le nom de Blooy Hopes), Anthares n'en demeure pas moins un groupe à l'aura modeste, la faute à une carrière ponctuée de trop longs silences. Mais les Français peuvent être considérés comme des vétérans de la scène Thrash hexagonale et cela s'entend. Doublement, dans la forme comme dans le fond. D'une part, loin de quelques puceaux du son qui n'étaient même pas encore conçus lorsque Megadeth publiait son Rest In Peace , les gars possèdent au contraire l'assurance tranquille de vieux briscards à la technique éprouvée quoique sans bavure. Ca, c'est pour la forme. D'autre part, nourris au Thrash originel, ils restent viscéralement attachés à une approche (désormais) old-school du genre, dépassée peut-être pour certains mais pourtant intemporelle. Voilà pour le fond, classique quoique efficace. Scellant le retour de la formation bretonne après un hiatus discographique de seize ans, To My Last Breath se veut donc un album de Thrash à l'ancienne biberonné aux vieux Metallica, à la Bay Area plus qu'à école française des Loudblast et autre Agressor qui ont de toute façon toujours davantage lorgné vers le Death. Le chant hargneux de Julien n'est à ce titre, pas sans évoquer le Hetfield des débuts, comparaison des plus flatteuses s'il en est. Disque à l'ancienne peut-être, le successeur de "Pro Memoria" ne saurait toutefois être perçu comme une rondelle poussièreuse et datée. Si la prise de son ne peut bien sûr soutenir la comparaison avec celle, monstrueuse, du Exhibit A d'Exodus (pour rester chez les anciens), elle laisse néanmoins chaque instrument s'exprimer, s'épanouir avec une puissance authentique. Maintenant ferme une nerveuse érection, To My Last Breath déroule un menu tendu et testiculeux, mélodique et acéré à la fois, brochette d'hymnes tous plus imparables les uns que les autres, de ceux qui s'accrochent à la mémoire comme une moule à un rocher. Sept titres, sept brulôts au format resserré auxquels on reprochera seulement de n'être pas plus nombreux car, après tant d'année d'abstinence, l'opus qui ne franchit même pas la barre des trente minutes au compteur, se pare d'un goût de trop peu. Au moins n'y a-t-il rien à jeter dans cette courte collection à l'intensité fermement dressée. Et quel plaisir de pouvoir savourer un album de ce genre, direct, dépourvu d'esbrouffe et de prétention, un disque sincère, d'une admirable simplicité et toujours inspiré. Bref, un des meilleurs disques de Thrash entendu depuis longtemps, ni plus ni moins ! (2015)


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