Bien que discret depuis dix ans, période seulement balisée par trois offrandes (dont la dernière et sujet de ces quelques lignes), HIMINBJORG n'a pourtant pas perdu sa place dans le coeur de ceux qui l'ont découvert avec Where Ravens Fly à la fin des années 90. Zahaah, son incontestable maître des lieux ainsi que son âme, peut compter sur des fidèles qui ne l'oublient pas car ils ont compris que l'homme continue de façonner son art, à son rythme avec modestie mais passion, ce qui va souvent de paire. Cinq ans se sont donc écoulés depuis Chants d'hier, chants de guerre, chant de la terre..., album étonnant, plus posé que ses prédécesseurs, maladroit parfois mais non moins authentique. Premier contact avec Wyrd, son visuel d'une grande beauté et oeuvre du talentueux Vincent Fouquet, parait annoncer un retour sous les meilleures auspices. Passé un prologue incantatoire que berce le bruit d'un ruisseau et le son d'une cornemuse, "The Sword Of Dignity" déboule et confirme ce que nous pressentions, amorce puissamment envoûtante, portant la très reconnaissable griffe de son auteur, une griffe à l'aspect tranchant qui serre sa proie pour ne plus la lâcher. Par rapport à son devancier, ce septième album affiche déjà un enrobage plus massif, plus vivant, quoique toujours extrêmement cru. Même si le groupe n'en est plus vraiment un (si tant est qu'il ne l'ait jamais été) en cela qu'on ne peut que l'identifier avec son charismatique fondateur entouré du permanent Kahos (batterie) et pour l'occasion de deux invités chargés des guitares et des instruments traditionnels, il n'en demeure pas moins que ce nouvel opus possède une dynamique, une force qui semble presque en faire une oeuvre collégiale, loin d'un disque bricolé seul et sans ampleur. Conjugant la beauté spirituelle de Chants d'hier, chants de guerre, chants de la terre... à la brutalité sévère de Golden Age (en mieux produit) en un alliage tendu saupoudré de touches folkloriques du plus bel effet, Wyrd a des allures de synthèse, somme de tous les traits composant cette identité aussi riche qu'attachante. Encore une fois, formant un ensemble cohérant, tous les titres se révèlent magnifiques, tour à tour ensorcelants bien qu'implacables, à l'image du mid-tempo 'The Circle Of Warriors', ou plus abrasifs ("The Mirror Of Suffering") mais brillant toujours d'un éclat aussi noir qu'empreint d'une majesté séculaire ("The Eternal Light"). Bribes de chant clair, envolées celtiques (le superbe "Initiation", pivot de l'album) enrichissent ces pulsations, sans doute moins atmosphériques que leurs aînées de cinq ans, quand bien même elles privilégiant les ambiances et la progression à l'agression millimétrée. Ce faisant, Wyrd s'impose comme une évidente pierre angulaire d'une carrière aussi noble que sincère. (2015)
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