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KröniK | Empire Auriga - Ascending The Solar Throne (2014)


Disparu des écrans-radar depuis 2008 et la réédition par Moribund Records de sa première offrande, gravée deux ans plus tôt, Empire Auriga revient aujourd'hui presque de nulle part, long tunnel qui témoigne d'une activité en pointillés. Malgré ce "Auriga Dying" de (plutôt) bonne mémoire, les Américains ont depuis été un peu oubliés, ce qui confère à leur retour que personne n'attendait plus vraiment, des allures de nouveau départ. Ceux qui ont écouté - et apprécié - cet opus séminal pourtant, se souviendront peut-être d'un black metal des plus aventureux fleurtant avec le post rock. A quoi ressemble le groupe huit ans plus tard ? Quelle voie  a-t-il décidé d'explorer ? "Ascending The Solar Throne" en apporte la réponse. Son titre associé à un visuel d'inspiration spatiale suggèrent une dimension cosmique, promesse d'un voyage astral aussi sombre que mystérieux. Et surtout oppressant, vicieux magma où prolifèrent des émanations malsaines.  Pollué à l'extrême, le son pourrait être celui d'un art noir dépressif tavelé de miasmes lugubres. Cette croûte sonore sert en réalité d'écrin à une rumination déglinguée aux portes de l'indus le plus sinistre. Noyées sous une épaisse couche d'effets saturés, ces plaintes semblent provenir de très loin, d'avoir été capturées au fond d'un caisson de résonnance dérivant dans un trou noir.  Proche d'une bouillie hypnotique dans son expression sciemment répétitive ("Waste"), "Ascending The Solarthrone" suinte pourtant une espèce de beauté aussi obscure que désespérée ("Planetary Awakening"), tapies sous cette masse grouillante de riffs maladifs, de sonorités froides comme la mort. Le fait que le chant, hurlé et lui aussi inaudible, soit volontairement en retrait, avalé par une nuit opaque, enrobe l'album d'un linceul quasi instrumental. Depuis "Prophetic Light", bloc sonore d'une puissance viciée et d'une monumentale noirceur, jusqu'au terminal "The Last Passage Of Azon Grul" qu'enveloppent des ondes ambient, l'oeuvre paraît suivre une ligne directrice précise interdisant une découverte émiettée où chaque titre, loin d'être interchangeable, a son rôle à jouer dans cette symphonie cosmique. Aux ambiances froidement tristes régnant tout du long, cède au bout du passage une pale lumière, signe de vie... ou de mort peut-être bien. Ces années d'abstinence ont été bénéfiques à Empire Auriga qui se voit aujourd'hui métamorphosé. et ce qu'il a peut-être perdu en personnalité, il le compense désormais par une énergie presque cryptique et minée par un désespoir infini... La conclusion est facile mais souhaitons que les Américains ne disparaissent pas à nouveau, ce qui annihilerait la portée de cette offrande à la réussite aussi inespérée que terrifiante. 3.5/5 (2014)


                                   

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