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KröniK | Woebegone Obscured - Marrow Of Dreams (2013)


Le gouffre qui sépare Marrow Of Dreams de son prédécesseur, Deathstination , est un peu à l'image des différences entre leur artwork respectif, le premier étant aussi lumineux que le second était obscur et charbonneux. Du coup, ceux qui s'attendaient tout simplement à reprendre une bonne louche d'un Doom funéraire caverneux en seront pour leur frais. Il serait exagérer d'affirmer que ce n'est quasiment plus le même groupe, évoquer ce point n'est pourtant pas anodin. Comment expliquer une telle évolution ? Le nombre d'années (six ans) qui se sont écoulé entre les deux albums peut être une première raison, long tunnel propice à la maturation d'un style qui n'était encore qu'en gestation en 2007. Le fait que Woebegone Obscured ait peu à peu muté en un véritable groupe quand il n'était autrefois que le terrain vague des seuls D. Woe et K. Woe, celui-ci ayant depuis quitté le navire, explique très certainement ce changement, bénéfique, il faut bien l'avouer, l'identité, sinistre et austère à leurs débuts, des Danois ayant gagné non seulement en puissance organique mais surtout en beauté émotionnelle. S'il ne subsiste de ses origines funéraires guère plus que quelques oripeaux qu'incarnent chant d'outre-tombe et tempo figé dans une lenteur agonisante ainsi qu'un goût intact pour les (très) longs développements, l'opus ne s'abîme pas moins dans les profondeurs d'une noirceur désormais plus triste et atmosphérique que cryptique. Tissant des câbles de désespoir, les guitares n'hésitent pas néanmoins à s'aventurer sur des chemins plus légers, plus étonnants également, témoin ce "Crystal Void" à la mélancolie pointilliste qui voit cet instrument s'élever parfois très haut vers un ciel bleu toutefois vite chargé en sombres nuages. Le terminal "Into The Mindcloud" abrite lui aussi ces lignes squelettiques curieusement presque jazzy ou acoustiques et hispanisantes belles à en pleurer. Mais c'est du côté des parties vocales que le changement se révèle sans doute le plus brutal sinon le plus significatif, le chant clair posant ses notes fragiles durant (presque) chacun des cinq titres de Marrow Of Dreams . Maladroit par moment, celui-ci confère cependant à l'album une espèce de fébrilité touchante, à l'image de "Vacuum Ocean". Tous ces éléments façonnent une ambivalence qui manquait à Deathstination , oeuvre plus monotone durant laquelle rien ne semblait se passer. Faussement immobile, son successeur a quelque chose d'un Janus sonore, tragique mais coloré, interminable mais surprenant, vibrant de vie, une vie toutefois triste et sans espoir. Evitant parfois de peu de sombrer dans de fâcheuses longueurs, Marrow Of Dreams est suffisamment riche pour passionner tout du long, ouvrant de vastes perspectives pour ce projet dont l'aura modeste est inversement proportionnelle à son potentiel. Gageons que cette offrande, d'une richesse limpide, devrait lui permettre de toucher un plus large public. 3.5/5 (2013)


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