Pressé de rattraper le temps perdu après dix ans de mise en sommeil, et trop heureux d'avoir trouvé la perle rare en la personne de Uta Plotkin, nouvelle prêtresse de la déesse Doom, Witch Mountain est déjà de retour dans les bacs. Si South Of Salem date de 2011, sa réédition par Profound Lore, prélude à la sortie de Cauldron Of The Wild, est quant à elle très récente, renforçant plus encore l'impression que le délai entre les deux albums a été très réduit. Déjà séduit par la voix puissante et charismatique de la jeune femme, nous étions forcément impatients de la retrouver. A raison, car si le second opus nous a rappelé à notre bon souvenir ce groupe américain découvert dix ans plus tôt grâce à Come The Mountain, sorti en plein explosion commerciale de la vague Stoner façon désert et fumette, son successeur enfonce profondément le clou dans le bois d'un Rock désormais (beaucoup) plus Doom que Stoner. On ne s'en plaindra pas. Inspirés par le chant très personnel, car ne ressemblant à aucun autre, de la belle qui cette fois a pu participer à l'écriture des textes (cela s'entend), les bûcherons et fondateurs Rob Wrong (guitare) et Nathan Carson (batterie) sculptent un matériau ultra Heavy, pachydermique, que la grosse patte du fidèle Billy Anderson ne fait que souligner encore davantage. Oubliez le trip à la Kyuss, Witch Mountain est devenu méchant, renvoyant dans le bac à sable de la maternelle tous les apprentis sorciers du riff bien gras. Un exemple ? Mise en bouche terrassante, "The Ballad Of Lanky Rae" n'a de ballade que le nom, véritable chape de plomb qui vous tombe sur la tronche d'entrée de jeu. Dire que Cauldron Of The Wild gagne, petit à petit, autant en intensité qu'en beauté tellurique tient de l'euphémisme, chacun de ses six titres formant une marche supplémentaire vers les profondeurs. L'alliage entre la rythmique écrasante, engluée dans la terre et la voix haut perchée, aux teintes un peu bluesy par moment mais d'une noirceur quasi occulte toujours (le démentiel "Veil Of The Forgotten"), aboutit à un résultat saisissant, d'une pesanteur comme il nous a rarement été donnée d'entendre. Et quand le groupe se pose, le temps de "Aurelia", (fausse) ballade aussi mortifère que tragique, il fait se dresser les poils sur la peau, suant un désespoir poisseux. Avec ses presque douze minutes au compteur, ce morceau forme avec "Never Know" un bloc massif qui entraîne lentement l'album vers une conclusion définitive que l'on devine funeste, qu'aucune lueur, qu'aucune lumière même pale ne viennent éclaircir. Bref, on tient presque là un nouveau groupe ! (2012)
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