Hasard du calendrier, Samoth et Ihsahn, les deux anciens compères au sein d'Emperor, livrent au même moment le nouveau fruit de leur projet respectif,Eremita pour le second et sous son propre nom, Inroads pour le premier, sous la bannière du groupe qu'il a fondé en 2008 sur les cendres de Zyklon et baptisé The Wretched End, le tout hébergé chez Candlelight. Les comparaisons, les liens, s'arrêtent pourtant là, Samoth ne cherchant surtout pas à déserter - ce qu'il ne fera sans doute jamais - le Metal extrême, là où Ihsahn se voit désormais catalogué 'progressif' (?), récupéré par un public qui n'est pas loin d'ignorer l'existence même de In The Nightside Eclipse. Et s'il ne pratique plus vraiment du Black Metal au sens noble du terme, encore que les riffs aussi tranchants que malsains qu'il exécute avec largesse participent toujours de cet ancrage dans la roche noire, le Norvégien reste le serviteur d'un art d'une froide brutalité. Il y a deux ans, Ominous, l'acte de naissance de The Wretched End, a fait forte impression en conjuguant la puissance de feu du Thrash, la violence technique du Death et la noirceur du Black. Inroads creuse un sillon identique. Son nom, en un seul mot tout comme son sobre visuel, tendent un lien évident avec l'œuvre précédente. Aux commandes, toujours le même trinôme constitué, outre Samoth, de Cosmo (chant, basse et guitare), pote de longue date de l'ex Emperor, et du Suédois Nils Fjellström qui prête sa batterie à Dark Funeral (notamment). Si l'effet de surprise joue moins cette fois-ci, la réussite s'avère être à nouveau au rendez-vous, celui d'une tuerie sans interruption, quarante minutes durant, desquelles, exception faite de "Hunger", qui n'apporte pas grand chose, il n'y a donc rien à jeter au vide-ordure. Corseté par cette atmosphère glaciale typique des groupes norvégiens, Inroads ferre l'auditeur d'entrée de jeu avec "Tyrant Of The Mountain", soit quatre furieuses minutes où éclate la signature du combo : chant qui vocifère, rythmique de panzer et riffs froids qui raclent la peau tel un scalpel. Serré comme un nœud coulant, le titre empile les cassures et les décharges de violence, au milieu desquelles jaillit un solo étonnant par son accroche mélodique bien que suintant le désespoir par tous les pores. On sort épuisé - mais heureux - de l'écoute de cartouches telles que le rampant "Death By Nature", "Cold Iron Soul" ou "Deathtopian Society". D'aucuns jugeront l'ensemble peu ambitieux, le groupe se contentant de marteler un Thrash/Death qui abat le petit bois. Pas faux, mais The Wretched End mérite mieux que ce jugement à l'emporte-pièce car, outre le fait que chaque composition est bâtie sur un maillage d'une écrasante densité, Inroads n'est pas majoré de certaines touches plus surprenantes, à l'image des froids arrangements drapant "Throne Renowned Of Old" ou du tempo pesant qui engourdit "Blackhtrone Winter" dont le final brille d'un éclat superbe non dénué d'une triste beauté. Par sa maîtrise, The Wretched End dépasse, transcende la simple agression frontale. A travers ces titres trapus, perce le regard de musiciens chevronnés qui possèdent une vision de leur art. Là réside toute la différence entre ce groupe et le premier bastonneur de fûts venu. 3.5/5 (2012)
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