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KröniK | Agua De Annique - Air (2007)


Cette première carte postale en solo de Anneke van Giersbergen est une démonstration. Elle démontre que la jeune femme est une artiste. Une vraie, une qui a des choses à dire. Elle démontre enfin que son départ de The Gathering, groupe dans lequel elle évoluait comme un poisson dans l’eau, n’était visiblement pas dû aux sempiternelles divergences musicales ! Mais un rappel des faits s’impose pour commencer. Quand il y a quelques mois de cela, nous apprenions, stupéfaits, la décision de la belle de quitter le navire hollandais, c’est comme si l’univers, d’un coup, s’effondrait. C’était la fin d’une superbe histoire entamée douze ans plus tôt, avec la sortie du matriciel Mandylion, chef-d’œuvre qui a lui tout seul a sonné le branle de tout le metal à chanteuse.
On se demandait alors quelle mouche avait bien pu piquer la chanteuse. Etait-ce lié à son récent statut de maman ? Quelle ne fût pas notre surprise en apprenant qu’elle avait déjà sur le feu un nouveau projet ! Et si au début nous nourrissions des inquiétudes à son égard, c’est plutôt vers ses anciens employeurs que l’on doit finalement les diriger car, après tout, ce sont eux qui finalement ont le plus à perdre. Agua De Annique le prouve de la plus belle des manières ! Alors que The Gathering aura sans doute toutes les peines du monde à se reconstruire (ne doutons pas, cependant, que le groupe y parviendra…), Anneke accouche d’un album qui semble avoir été touché par la grâce divine ; un album subtilement différent de The Gathering même s’il en reste très proche, surtout de ses trois dernières offrandes, If_Then_Else, Souvenirs et Home, comme en témoignent le début de « Ice Water » ou « Trail Of Grief ». D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement, à fortiori quand la chanteuse décide d’arpenter des terres proches, celles du metal atmosphérique émotionnel et mélancolique, après tout, n’a-t-elle pas été la clé de voûte de la musique des Hollandais ? Le groupe s’identifiait tellement à elle, à son charme, à sa voix cristalline que cette filiation est bien compréhensible. Parfois énervées (« Witness », « You Are Nice ! »), le plus souvent diaphanes, à la tristesse douloureuse (« Come Wander With Me »), ces chansons ne peuvent que charmer dès les premiers instants. Simples, épurées, elles se voient parfois réhaussées d’une flûte, d’une trompette, d’un chant masculin, quand ce n’est pas Kristin Fjelltseth de Pale Forest, qui vient accompagner Anneke (« Lost And Found », qui suinte une mélancolie désespéré à la Tenhi). Et surtout, il y a cette voix. Cette voix. Cette voix qui vous donne des frissons. Cette voix à donner honte à toutes les chanteuses de la galaxie. La Batave possède tout simplement une classe, un charme unique qui lui permettent de planer tout là haut. Dès qu’elle apparaît sur « Beautiful One », son chant décolle et nous entraîne, guide enivrant, dans un voyage dont la beauté triste séduit autant qu’elle bouleverse. Est-ce à dire pour autant que Air aurait pu être un album de The Gathering ? Oui et non donc car le son n’est pas tout à fait le même. Les frères Rutten ont une manière de composer, de jouer, bien à eux, qui fait défaut ici. Mais, on en est jamais très éloigné. Ce qui ne peut que jeter le trouble dans le cœur des fans. Pourquoi Anneke est-elle parti ? Sans doute que les autres membres du groupe ne lui laissait pas suffisamment d’amplitude. Sans doute voulait-elle aussi être, enfin, son propre maître et démontrer qu’elle détenait les capacités d’exister sans The Gathering. En tous cas, le pari est gagné. Un horizon pur, dégagé, s’ouvre désormais à elle. On attend maintenant avec curiosité des nouvelles de son ancien port d’attache… 4/5 (2007)






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