Disparu des écrans radar depuis le début de la décennie, on ne s'attendait pas à ce Cirrha Niva, éternel espoir de la scène metal progressive, refasse surface un jour. C'est pourtant le cas, retour scellé en cette fin d'année par la sortie de ce quatrième opus. Ceci dit, reconnaissons toutefois que le groupe n'est désormais plus tout à fait le même, cela aussi bien en terme de personnel - le line-up a été rénové de fond en comble autour du guitariste Rob Willemse - que de plastique musicale. De fait, ceux qui ont été séduits il y a huit ans (déjà !) par le progressif baroque développé par Liaison De La Morte risquent de ne pas totalement retrouver leurs petits cette fois-ci. Cela ne fait pas de For Moments Never Done un mauvais disque pour autant, bien au contraire mais il témoigne néanmoins que les Allemands ont sacrifié sur le chemin de la reconstruction une part de leur identité. Emporté par le chant puissant du nouveau venu Legrand ("Running From The Source"), cet album taille des percées flamboyantes à l'intérieur desquelles se niche un metal prog racé et (trop) propre néanmoins sans grande originalité. Il n'empêche qu'il s'agit bien là de la bel ouvrage. Sur un socle instrumental dont on ne saurait nier la haute tenue, ces sept envolées sont ciselées avec une précision digne d'un travail d'orfèvre. Elles s'arc-boutent sur un maillage mélodique d'une belle finesse et sur des lignes vocales superbes, comme l'illustre dans une premier temps le titre d'ouverture "The Fooling", illuminé par un refrain particulièrement réussi. Si certains accords peuvent évoquer le Opeth dernière période (l'intro de "Dreamon" par exemple), le menu de For Moments Never Done tend surtout vers le progressif émotionnel ("Golan Heights" aux couleurs proche d'un Pain Of Salvation, ce qui ne surprend pas lorsque l'on se souvient que les frères Gildenlow étaient d'ailleurs apparus sur l'album précédent) et dont le pinceau trempe sa pointe autant dans la voix heavy de Legrand que dans les aplats instrumentaux ("Spring Before Winter", déambulation sombre et onirique). Efficace, Cirrha Niva aligne des morceaux de bravoure épiques et majestueux tels que l'ambiencé "Framed" ou le final plus power metal que vraiment prog "Self-Chosen" long de plus de huit minutes. For Moments Never Done incarne le retour concluant des Allemands quand bien même il est permis de douter qu'il leur permette de s'imposer durablement sur le trône du prog, place que Cirrha Niva briguait au début de sa carrière mais qui lui a échappé faute de stabilité. 3/5 (2009)
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