Sur l’échelle Richter du bizarre, Atrox fait assurément péter tous les indicateurs. La musique des Norvégiens ne ressemble à rien de connu, une espèce d’OMNI (objet musical non-identifié) que les chercheurs de la NASA tentent en vain depuis la fin des années 90 à identifier.
Plus encore que Mesmerised, son prédécesseur et premier long du groupe, Contentum est la macération qui va imposer son identité aussi bien sonore que visuelle (ces dessins étranges qui ornent les pochettes). Si le socle sur lequel il repose braconne sur les terre du gothic (pour la chanteuse) doom (pour la lourdeur et la mélancolie), on ne saurait le résumer à celui-ci tant Atrox se plaît à polluer le genre par toutes sortes d’éléments, dont le plus évident demeure sans l’ombre d’un doute le chant halluciné de Monika (aussi responsable de l’artwork), à la croisée de Kari Rueslåtten (The 3rd And The Mortal) et de la Castafiore pour faire dans le gros sabot. Ses vocalises déjantées, loin, très loin des canons en vigueur, toujours au bord de la rupture sont le guide d’une sarabande bizarre dont il est bien difficile de suivre le mouvement. Contentum a quelque chose d’une danse macabre labyrinthique et déglinguée composée de pistes en forme de chausse-trappe. Ces chansons ( ?) à tiroirs, souvent d’une durée plutôt conséquente, serpentent entre des méandres gangrenés par une schizophrénie rampante (« Lizard Dance ») qui finit par ravager tout l’ensemble d’un album qu’aucune bouée identifiable, ni de loin ni même de près, ne permet de rapprocher du monde des vivants. Ni mélodies accrocheuses ni balises conventionnelles auxquelles l’auditeur pourra se raccrocher. Nombreux sont donc ceux qui resteront sur le bord de ce ravin escarpé, rongé par l’érosion de la folie. Pourtant, pour qui est ouvert d’esprit, une fois bien au chaud entre ses cuisses humides, la pénétration de la musique des Norvégiens glisse facilement. Les guitares, lourdes et aériennes qui tissent de véritables câbles de désespoir (le sublime « Panta Rei (Gather In Me No More) », « What Crawls Underneath ») sont les caresses qui la rendent possible. Au même titre que la voix de Monica dont elles soulignent la puissance, elles participent de la tristesse d’une musique dont l’incontestable, bien que peu accessible, beauté sait toucher l’âme autant que le cœur. Pas très digeste de prime abord – les premières écoutes s’avèrent douloureuses -, Contentum est pourtant une œuvre magnifique, qu’architecturent des titres, certes complexes mais néanmoins riches et passionnants et démontrant que Atrox, formation plus que jamais unique et singulière, maîtrise parfaitement son sujet. Ses membres sont des explorateurs qui refusent d’être inféodés à de quelconques invariants, de flatter les chastes oreilles de ceux auxquels, de toute façon, leur œuvre n’est clairement pas destinée. Leur art, dont ils se gardent bien de donner les clés qui aideraient à le comprendre, se mérite après une lutte délicate pour ne pas lâcher prise. Le combat n’est pas gagné d’avance. Ils s’en moquent. Merci à eux. 3/5 (2009)
Plus encore que Mesmerised, son prédécesseur et premier long du groupe, Contentum est la macération qui va imposer son identité aussi bien sonore que visuelle (ces dessins étranges qui ornent les pochettes). Si le socle sur lequel il repose braconne sur les terre du gothic (pour la chanteuse) doom (pour la lourdeur et la mélancolie), on ne saurait le résumer à celui-ci tant Atrox se plaît à polluer le genre par toutes sortes d’éléments, dont le plus évident demeure sans l’ombre d’un doute le chant halluciné de Monika (aussi responsable de l’artwork), à la croisée de Kari Rueslåtten (The 3rd And The Mortal) et de la Castafiore pour faire dans le gros sabot. Ses vocalises déjantées, loin, très loin des canons en vigueur, toujours au bord de la rupture sont le guide d’une sarabande bizarre dont il est bien difficile de suivre le mouvement. Contentum a quelque chose d’une danse macabre labyrinthique et déglinguée composée de pistes en forme de chausse-trappe. Ces chansons ( ?) à tiroirs, souvent d’une durée plutôt conséquente, serpentent entre des méandres gangrenés par une schizophrénie rampante (« Lizard Dance ») qui finit par ravager tout l’ensemble d’un album qu’aucune bouée identifiable, ni de loin ni même de près, ne permet de rapprocher du monde des vivants. Ni mélodies accrocheuses ni balises conventionnelles auxquelles l’auditeur pourra se raccrocher. Nombreux sont donc ceux qui resteront sur le bord de ce ravin escarpé, rongé par l’érosion de la folie. Pourtant, pour qui est ouvert d’esprit, une fois bien au chaud entre ses cuisses humides, la pénétration de la musique des Norvégiens glisse facilement. Les guitares, lourdes et aériennes qui tissent de véritables câbles de désespoir (le sublime « Panta Rei (Gather In Me No More) », « What Crawls Underneath ») sont les caresses qui la rendent possible. Au même titre que la voix de Monica dont elles soulignent la puissance, elles participent de la tristesse d’une musique dont l’incontestable, bien que peu accessible, beauté sait toucher l’âme autant que le cœur. Pas très digeste de prime abord – les premières écoutes s’avèrent douloureuses -, Contentum est pourtant une œuvre magnifique, qu’architecturent des titres, certes complexes mais néanmoins riches et passionnants et démontrant que Atrox, formation plus que jamais unique et singulière, maîtrise parfaitement son sujet. Ses membres sont des explorateurs qui refusent d’être inféodés à de quelconques invariants, de flatter les chastes oreilles de ceux auxquels, de toute façon, leur œuvre n’est clairement pas destinée. Leur art, dont ils se gardent bien de donner les clés qui aideraient à le comprendre, se mérite après une lutte délicate pour ne pas lâcher prise. Le combat n’est pas gagné d’avance. Ils s’en moquent. Merci à eux. 3/5 (2009)
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