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GosT | Valediction (2019)



















Au fil du temps, nous avons vu le black metal s'accoupler avec de nombreux autres genres, proches (le death bien sûr mais aussi le doom) ou plus éloignés (le progressif). Mais nous ne pensions pas un jour assister aux ébats entre l'art noir et la synthwave. GosT a pourtant tenté cette assemblage a priori contre nature. Avec quelle réussite ?

Grâce à Carpenter Brut (entre autres) on savait ce revival electro/années 80 perméable aux sonorités puissantes et métalliques, le duo américain n'a donc pas peur de franchir le Rubicon avec "Valediction" dont l'amorce 'Relentless Passing' semble s'être échappé d'un pur album de black metal. Résultat, on croit s'être tout d'abord trompé de disque, d'autant plus que les musiciens arborent fièrement le maquillage de pandas tristes typique du genre. Une voix claire survolant un déluge électronique nous rappelle ensuite qu'il s'agit bien du nouvel opus de GosT. Bon, mais qu'est-ce que ça donne alors ? Aussi bordélique que vrombissant, ce premier titre laisse dubitatif tant il s'avère maladroit quoique bétonné par une énergie dévastatrice.

Cette copulation tonitruante entre black et darksynth n'est pas la seule nouveauté présentée par "Valediction" qui accorde par ailleurs une grande place au chant. Celui-ci n'est certes pas inédit chez GosT, comme l'a illustré il y a quelques mois la relecture de "Skull", mais jamais il n'avait occupé une telle place dans la musique du tandem dont il est devenu un élément moteur alors qu’il n'était autrefois qu'un artifice. Entre influence new wave ('Bloody Roses') et registre hurlé ('Timeless Turmoil'), là aussi, le bilan se révèle mitigé, même si cette partition  conserve toute sa force à l'image de 'Wrapped In Wax' ou de l'entêtant 'Dreadfully Piax'. Et en définitive, c'est quand ils se contentent d'un format instrumental ('The Call of The Faithful (Faithless)' ou qu'ils puisent dans les BO horrifiques ('She Lives In Red Light (Devine)' que les Américains parviennent le mieux à ferrer l'auditeur. Seul bémol concernant ces deux excellentes pistes, elles ne sont pas nouvelles puisqu'elles émaillaient déjà le menu du récent "Skull". De fait, elles font office d'exception au sein d'un ensemble inégal et brouillon, témoin ce 'Push' qui tente de mixer toutes les composantes de l'album en un brouet pas toujours digeste cependant que l'horrible 'Severence' frôle le ratage. "Valediction" est une déception de la part d'un projet pourtant au départ si doué. Si la fusion diabolique entre black metal et darksynth souligne une personnalité audacieuse, GosT serait pourtant bien inspiré de se limiter à la synthwave à laquelle un simple vernis métallique suffit à faire souffler un blizzard surpuissant. (11.11.2019)

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