Pour son cru 2019, le Poul’Hard XI s’est délocalisé à Montrevel-en-Bresse, abandonnant l’espace Salvert d’Attignat pour la halle d’animation de la Plaine Tonique. Une excellente initiative qui a donné un coup de jeune au festival qui fête quand même cette année sa onzième édition !
Un son du feu de dieu et des lights dignes des plus grandes salles auront permis à l'événement de franchir une étape en terme de professionnalisme. Mais avant de constater de visu ce relifting, on aura eu le loisir de se remplir la panse non de volailles mais de recettes bretonnes (concoctées par Philippe Ramare), de siffler non un verre de vin jaune mais une petite mousse (pour la modique de somme de 1€ pendant l’happy hour !) ou bien de dénicher tee-shirt, cds ou bières (encore) sur le stand de la légendaire boutique Adipocere.
Pour cette version 2.0 du Poul’Hard, ses organisateurs, Thierry Collet et Eric Martelat, respectivement chanteur de Salhem et de Messaline, ont établi un menu des plus riches composé de cinq groupes. 18h30, c’est l’heure de l’apéro avec Black Eyes Crocodile, un simple duo guitare/batterie (le chant est assuré par le cogneur Isaac), qui a tout de même du mal à occuper une scène un peu trop grande pour lui. Face à un public encore réduit, nous deux jeunes gaillards ont bétonné un metal extrêmement lourd en rivalisant de puissance. Si nous n’en avons pas retenu grand chose, la formule a le mérite d’être originale, et le tandem, bigrement efficace.
Changement de registre et d’envergure avec Obsession, basé à Lons-le-Saunier. Les tee-shirts de Kreator et d’Exodus que portent fièrement les guitaristes Stéphane et Alexis suffisent à annoncer la couleur à ceux qui ne connaîtrait pas encore le groupe : c’est du bon gros thrash old school baveux et saignant. Antoine, son patibulaire chanteur, a tôt fait de mettre l’ambiance même s’il a dû regretter que le public ne se montre pas plus déchainé. Le quintet puise bien entendu dans Century Of Decadence, son premier album, mais entre les « Stoned World », « Order Of The temple » ou « Homeless Children », il a le bon goût de placer une poignée de nouveaux titres dont le malsain et rampant « Religion Of Genocide », annonciateurs d’une seconde offrande prometteuse. Complices, les zicos sont à l’unisson d’un thrash à l’ancienne mais certainement pas mou de la cartouchière.
Place ensuite à Messaline que les habitués connaissent (très) bien. Comme toujours, le combo a assuré, emporté par un Eric Martelat très en verve. En revisitant notamment son répertoire le plus ancien (Dernières sommations ou Le Bûcher des Vanités), il confirme si besoin en était combien le recrutement de l’ancien batteur de Dream Child, Alain Blanc et du guitariste Matthieu Gilbert a été bénéfique à son hard rock à la fois nerveux et lyrique qui doit autant à Ange qu’à Uriah Heep ou Deep Purple. On savoure à ce titre le clin d’oeil malicieux à « Strange Kind Of Woman » lorsque le chanteur et le gratteux s’amusent à se répondre en singeant de manière évidente Ian Gillan et Ritchie Blackmore à leur grande époque. Précédant le classique « Mise en Abyme », Messaline nous offre même un joli cadeau en testant un nouveau titre, l’alléchant « Je voulais Te Dire ». Initialement prévu comme tête d’affiche, c’est pourtant Revenge qui monte ensuite sur scène. Peu importe que leur dernière offrande date de plus de dix ans, les Lyonnais sont là pour faire la fête et mettre le feu avec leur heavy biberonné à AC/DC devant un public totalement acquis à leur cause qui ovationne la paire de guitaristes Philippe et Thierry mais aussi la section rythmique que forment Romain le bassiste et Christophe le batteur.
Mais c’est bien sûr le frontman P’tit Jo qui attire tous les regards, véritable dynamo vivante à mi-chemin entre Bruce Dickinson pour l’énergie ravageuse et Udo pour la voix criarde. Le temps semble n’avoir eu aucune prise sur ce petit bonhomme qui en fait des caisses pour notre plus grand plaisir. Sans actualité discographique, Revenge puise dans son généreux répertoire. De ses cinq rondelles, on se souvient plus particulièrement de « Sticked To Your Back » (et sa délicieuse pochette !) dont sont extraits « Set My Heart On Fire » et la reprise de « Rock Goddess », « Heavy Metal Rock ‘n’ Roll ». Au terme de plus d’une heure de bonne humeur, on devine que les vétérans n’ont pas envie de quitter la scène et qu’ils auraient bien continué à jouer jusqu’au bout de la nuit.
Prend place enfin l’officielle tête d’affiche, Rosenkreuz, qui non seulement change radicalement l’ambiance de la soirée mais fait surtout monter la température avec ses jeunes filles aux tenues sexy, enchaînées à quatre pattes aux pied de David le chanteur et de Phil, guitariste aux faux airs de Marilyn Manson. Face au sextet, les métalleux se sont éloignés, remplacés par une cohorte (plutôt) féminine au look fétichiste venue communier avec une formation au goût d’interdit dont la jeunesse ne pointe jamais derrière l’arsenal baroque déjà parfaitement rôdé entre gothique et indus. Comme avec Revenge mais dans un style (forcément) différent, le spectacle est assuré par un maître de cérémonie doué d’une présence magnétique, prêtre vénéneux et possédé qui vit littéralement cette musique aussi sulfureuse que ténébreuse. Très peu de ces interventions quasi obligées entre deux titres ne viennent briser l’envoûtement distillée par une représentation à la fois martiale et décadente si ce n’est pour annoncer la sortie imminente de « Crystal City », nouvelle hostie produite par Adipocere. Cette édition 2019 du Poul’Hard fut donc une réussite, proposant un plateau varié entre metal old school et sonorités plus modernes. Les absents ont eu tort, comme toujours ! (Report réalisé pour France Metal)
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