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Monasterium | Church Of Bones (2019)



















Si vous regrettez à la fois que Forsaken ne se montre pas plus productif et que Candlemass n'ait pas poursuivi son chemin de croix emmené par Messiah Marcolin alors nous ne saurions trop vous conseiller de poser (au moins) une oreille sur "Church Of Bones" qui agrège tous ce qui fait la beauté et la pureté du doom épique et lyrique. Chant haut perché et émotionnel qui parfois se coince dans la braguette, guitares d'airain qui tissent une toile aussi sentencieuse que belle comme un chat qui dort et atmosphères solennelles constituent la sainte trinité dont Monasterium est le respectueux vassal.

Formé de membres d'Evangelium, le groupe est polonais et cet album succède à un galop d'essai éponyme gravé il y a trois ans. Les temps sombres du Moyen Âge et des Croisades lui dictent un art pétrifié d'où la gaieté et la joie sont éconduites. Cavaliers de l'Apocalypse, les quatre musiciens participent chacun de cette dramaturgie pesante, forgeant ce doom expressif, presque théâtral dont la force sépulcrale ne lui interdit pas quelques saillies accrocheuses comme un vestige de ses racines heavy ('The Order Of The Dragon'). Si la guitare sabbathienne de Tomasz Gurgul en fait trembler les colonnes, coulant des tranchées magmatiques ('Sleeping With The Dead'), ce sont avant tout sur les lignes vocales puissamment tragiques de Michal Strzelecki que ce temple est bâti.

Dans un registre lyrique proche de celui de Leo Stivala (Forsaken), qui surgit d'ailleurs au détour de 'The Last Templar', véritable épopée qui étire sur près de huit minutes flamboyantes, son récit ténébreux, il élève la musique mythologique sculptée par Monasterium vers des sommets vibrant d'émotions comme un acteur habité par les rôles qu'il endosse. Par sa seule présence, il parvient à enrober des complaintes telles que 'Liber Loagaeth' ou bien ou 'Embrace The Void',  d'une tristesse infinie. Et quand ses compères  poussent "Church Of Bones" dans les entrailles moisissantes d'un caveau, ce sont les plaies du Jugement dernier qui s'ouvrent alors ('Ferrier Of The Underworld'). Avec ce deuxième effort, les Polonais signent un pur joyau de doom épique, funeste et émouvant comme on aimerait en découvrir plus souvent. Drapée dans un son à la fois minéral et authentique, il est même permis d'affirmer que l'œuvre se hisse au-dessus des meilleures offrandes du pourtant tutélaire Forsaken. (15.04.2019)

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