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Trillium | Tectonic (2018)



















Si tous les amoureux du metal symphonique gainé de chant féminin la connaissent bien, il n'en demeure pas moins qu'Amanda Somerville pouvait rêver mieux qu'une carrière qui lui a certes permis de se frotter à la crème du power metal européen (de Avantasia à After Forever, de Edguy à Epica, la liste de ses aventures donne le vertige) mais l'a trop limitée à un rôle de guest de luxe, elle qui reste pourtant une influence majeure pour toutes les Castafiore du genre.

On aurait pu croire que "Alloy", premier pas de son propre groupe, lui offrirait enfin le rôle de tête d'affiche qu'elle mérite amplement. Mais il aurait fallu pour cela que l'album, de bonne facture au demeurant, ne soit pas suivi d'un silence long de sept années.

De fait, on peine à voir Trillium comme autre chose qu'une escapade en solitaire que la belle butine quand son emploi du temps le lui permet. "Tectonic", que nous n'attendions plus vraiment, changera-t-il la donne ? Eu égard à la qualité de son contenu, on souhaiterait voir le projet devenir un groupe de premier plan, enchaînant disques et tournées à un rythme régulier. Il en a bien entendu le potentiel. Mieux, animée par deux de ses anciens membres dont le guitariste (et accessoirement époux de l'Américaine) Sander Gommans, l'entité pourrait occuper la place laissée vacante par le sabordage d'un After Forever jamais remplacé. S'il serait exagérer d'affirmer que ce deuxième opus aurait pu être signé par l'ancien nid de Floor Jansen, le fait est que la parenté entre les deux formations ne peut naturellement que sauter aux oreilles, lesquelles partagent ces lignes de guitares mordantes, cette rythmique (parfois) de bulldozer, héritée quant à elle de HDK (où le couple se retrouve également) et bien sûr ces effusions vocales volcaniques et opératiques. Sans oublier, une noirceur commune qui assombrit des compositions aussi soignées que léchées. Au nombre de dix, celles-ci chassent sur des terres certes fortement lessivées mais auxquelles la parfaite maîtrise de leurs géniteurs permet de s'élever au-dessus du tout venant. Difficile ainsi de ne pas succomber aux charmes efficaces de brûlots tels que l'opener 'Time To Shine', le mid tempo ténébreux 'Stand Up' et plus encore ce 'Shards' aux allures d'hymne intemporel. Quel que soit le registre, puissant ('Full Speed Ahead'), tendre ('Eternal Spring') ou inquiétant ('Fatal Mistake'), la belle y brille  de mille feux, éclaboussant de son incroyable force vocale un menu sans temps mort, tavelé de multiples nuances dans l'expression d'un metal symphonique lourd et racé tout ensemble. C'est parfaitement écrit et interprété, propulsé par une prise de son ad hoc. Trop peut-être pour conférer à "Tectonic" ce supplément d'âme qui lui fait un peu défaut, le privant de la flamboyance recherchée mais, en digne successeur de "Alloy", il est l'autoroute d'une chanteuse exceptionnelle qu'elle porte presque entièrement sur ses charmantes épaules. Il ravira ses nombreux admirateurs sans pour autant en guider de nouveaux dans son généreux corset... (27.07.2018 | Music Waves)


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