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KröniK | Ad Hominem - Napalm For All (2018)


Peut-être moins controversé dans le fond, le groupe n'a en revanche rien perdu de sa nocive radicalité, offrant un opus d'une cruauté définitive et dont la force de frappe ne rend que plus agressif encore.

Même si son fondateur et principal membre, Kaiser Wodhanaz, se défend de toute affiliation à la mouvance NSBM, le fait est que Ad Hominem trimbale depuis vingt ans une réputation sulfureuse, faisant de lui un des groupes les plus polémiques du black metal hexagonal. Une aura de soufre se dégage de ses méfaits aux atours totalitaires. Reste que, et quand bien même il est évident que cette proximité aussi bien esthétique qu'idéologique avec l'art noir dans ce qu'il a de plus extrême (au sens politique du terme) à faire vomir les gauchistes bien pensants, n'est pas étrangère à sa notoriété, le principal est ailleurs, dans cette musique radicale et sans compromis, bref tel que le genre devrait toujours être !

Les quelques années de mise en sommeil qui ont suivi le quintessentiel Dictator - A Moument Of Glory (2009), loin de l'avoir rouillé, ont rendu Kaiser plus belliqueux que jamais, comme l'a prouvé Antitheist il y a trois ans, offrande qui marquait son retour tant attendu et une alliance avec Osmose Productions dans lequel il aura trouvé le partenaire idéal. Napalm For All confirme à son tour que Ad Hominem demeure bien cette implacable et malfaisant panzer. Vous vouliez la guerre ? Vous l'aurez presque quarante minutes durant.  Enrobé d'un fuselage extrêmement puissant qui apporte à chaque instrument l'espace nécessaire pour exploser, ce sixième album ne fait donc aucun prisonnier, emporté par un torrent de haine, alternance de blitzkriegs d'une brutalité hallucinée et de pesantes reptations au fond d'un charnier encore fumant, en un mélange dévastateur. Dans les rangs des premiers, citons l'inaugural AMSB qui fait des préliminaires et fait saigner d'entrée de jeu les muqueuses. Il y a aussi le furieux et presque punk dans l'âme Napalm For All qui crache sa semence rock'n'roll en moins de deux minutes, Goatfucker qui n'est pas sans rappeler le Satyricon époque Now, Diabolical, sans oublier Bomb The Earth et le véloce Vatican Gay que sabrent cependant de nombreux cratères. Les secondes, vers lesquelles tend forcément notre préférence, sont représentées par  un ensemble de titres dont la lenteur autoritaire ne les rend pas moins malsains. Le percussif I Am Love, strié de riffs aux allures de saignées ferrugineuses, Your Are My Slut, V. Is The Law ou Imperial Massacre sont les théâtre d'une vicieuse négativité que le chant inhumain de Kaiser autant que les guitares polluées et grésillantes sont les pinceaux mortifères. Et quand Ad Hominem tente l'hybridation entre bestialité et lourdes perforations comme il le fait lors d'un Consecrate The Abomination nucléaire et abyssal, le carnage est garanti. Peut-être moins controversé dans le fond, le groupe n'a en revanche rien perdu de sa nocive radicalité, offrant un opus d'une cruauté définitive et dont la force de frappe ne rend que plus agressif encore. (26/04/2018)


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