Inspiré de l'affaire du juge Renaud assassiné à Lyon en 1975 et qui fit alors grand bruit, le film d'Yves Boisset fait partie de ce courant des années 70 qui voit le cinéma français se donner pour mission de révéler la corruption politique et auquel participe alors activement le réalisateur. Ces précédents métrages, tels que L'attentat (sur Ben Barka) ou R.A.S. (sur la guerre d'Algérie) en attestent. Oeuvre ouvertement de gauche tournée à Saint-Etienne, Le juge Fayard dit "le shériff", en dépit de certaines critiques lui reprochant - à tort - de sombrer dans la caricature et le manichéisme, s'avère passionnant de bout en bout.
S'appuyant sur une distribution hallucinante (Dewaere, Bouise, Bozzuffi, Auclair, Léotard sans oublier tous ces seconds couteaux qui font le charme du cinéma français d'alors), Yves Boisset livre une mise en scène précise, efficace et bien menée. Toutefois, le film doit beaucoup à son interprète principal qui trouve dans ce personnage sinon un des tout meilleurs de sa carrière, du moins, un héros selon son coeur, politiquement d'extrême-gauche et impulsif. Dewaere, au jeu un peu plus contenu que d'habitude, est fabuleux et attachant (sa mort est un grand moment) dans la peau de ce juge d'instruction qui n'a pas peur d'affronter des ennemis jouissant de nombreux appuis. Ce rôle de "bulldozer" lui sied à merveille et il est certain que sans lui, la bobine de Boisset ne serait pas ce qu'elle est, c'est-à-dire un des polars hexagonaux les plus puissants de la décennie. En outre, Le juge Fayard dessine plutôt bien le contexte de l'époque et notamment ce monde interlope et louche des mercenaires et autres crapules qui gravitent dans le sillage de l'OAS et du SAC.
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