"The Room Of Shadows" est le cinquième album de Pagan Altar mais aussi sans aucun doute son dernier. Sa trajectoire est un peu à l'image de l'histoire de ses auteurs, tortueuse et marquée du sceau du destin. Fondé en 1978 par le chanteur Terry Jones (rien à voir avec l'ex Monty Python!) et son fils Alan à la guitare, le groupe se saborde sept ans plus tard avant d'avoir pu offrir son premier opus, demeuré à l'état de démo et qui ne verra finalement le jour qu'en 1998 sous le nom de "Volume 1", à une époque où l'on (re)découvre le doom, chapelle au sein de laquelle les Anglais sont dès lors considérés comme des pionniers, cités comme une référence par une nouvelle génération de doomeux parmi lesquels figurent les membres de Reverend Bizarre.
Fort de l'aura culte qui l'auréole désormais, Pagan Altar se reforme en 2004, gravant coup sur coup trois nouveaux psaumes en l'espace de trois ans, "Lords Of Hypocrisy", "Judgement Of The Dead" et "Mythical And Magical". Mais alors qu'il prépare, après une longue période de sommeil, une nouvelle offrande, dont le titre de travail est le prémonitoire "Never Quite Dead", le vocaliste est fauché par le crabe en 2005 à l'âge de 69 ans. Pour lui rendre un dernier hommage, son fils décide de mener à bout la réalisation de ce qui deviendra donc "The Room Of Shadows". Nous aurions pu croire que le testament de Terry Jones serait une œuvre funèbre, fardée d'une insondable noirceur. Etonnamment, il n'en est rien, même si l'espoir et la joie sont absents d'un menu drapé dans une brume victorienne. Pour la dernière fois peut-être, il nous est donné d'admirer ce heavy doom solennel et lyrique qui trouve dans cette oraison un écrin majestueux à l'image de l'inaugural 'Rising Of The Dead'. Poignante, la voix du regretté frontman sert de clé de voûte à cet édifice d'une beauté bouleversante ('The Portrait Of Dorian Gray'). Jamais peut-être, grâce à ces lignes vocales à la fois nasillardes et expressives, témoin le velouté 'The Ripper', les racines progressives des Britanniques n'ont autant affleuré à la surface de cet art baroque dont la guitare d'Alan Jones est l'autre arc-boutant, lequel tisse des ambiances soyeuses ('Danse Macabre'), d'une belle pureté de traits ('Dance Of The Vampires'). Si le genre est intemporel, ce retable demeure toutefois figé dans le passé, ceint d'une couche sonore qui aurait pu être plus puissante mais qui lui confère cette authenticité chaleureuse. Sourd aux évolutions contemporaines, cet album honore un doom traditionnel aussi sombre que limpide. S'il est souvent permis de trouver douteuses ce type d'œuvres posthumes, "The Room Of Shadows" doit avant tout être perçu comme l'hommage d'un fils à son père. Vu sa qualité, qui fait tout simplement d'elle la création la plus aboutie de Pagan Altar, il aurait été dommage que cette hostie disparaisse avec son principal auteur… (21/09/2017)
Fort de l'aura culte qui l'auréole désormais, Pagan Altar se reforme en 2004, gravant coup sur coup trois nouveaux psaumes en l'espace de trois ans, "Lords Of Hypocrisy", "Judgement Of The Dead" et "Mythical And Magical". Mais alors qu'il prépare, après une longue période de sommeil, une nouvelle offrande, dont le titre de travail est le prémonitoire "Never Quite Dead", le vocaliste est fauché par le crabe en 2005 à l'âge de 69 ans. Pour lui rendre un dernier hommage, son fils décide de mener à bout la réalisation de ce qui deviendra donc "The Room Of Shadows". Nous aurions pu croire que le testament de Terry Jones serait une œuvre funèbre, fardée d'une insondable noirceur. Etonnamment, il n'en est rien, même si l'espoir et la joie sont absents d'un menu drapé dans une brume victorienne. Pour la dernière fois peut-être, il nous est donné d'admirer ce heavy doom solennel et lyrique qui trouve dans cette oraison un écrin majestueux à l'image de l'inaugural 'Rising Of The Dead'. Poignante, la voix du regretté frontman sert de clé de voûte à cet édifice d'une beauté bouleversante ('The Portrait Of Dorian Gray'). Jamais peut-être, grâce à ces lignes vocales à la fois nasillardes et expressives, témoin le velouté 'The Ripper', les racines progressives des Britanniques n'ont autant affleuré à la surface de cet art baroque dont la guitare d'Alan Jones est l'autre arc-boutant, lequel tisse des ambiances soyeuses ('Danse Macabre'), d'une belle pureté de traits ('Dance Of The Vampires'). Si le genre est intemporel, ce retable demeure toutefois figé dans le passé, ceint d'une couche sonore qui aurait pu être plus puissante mais qui lui confère cette authenticité chaleureuse. Sourd aux évolutions contemporaines, cet album honore un doom traditionnel aussi sombre que limpide. S'il est souvent permis de trouver douteuses ce type d'œuvres posthumes, "The Room Of Shadows" doit avant tout être perçu comme l'hommage d'un fils à son père. Vu sa qualité, qui fait tout simplement d'elle la création la plus aboutie de Pagan Altar, il aurait été dommage que cette hostie disparaisse avec son principal auteur… (21/09/2017)
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