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KröniK | Miserist - S/T (2017)


Miserist, c'est d'abord une démo tape, crachée en février 2016 à seize exemplaires seulement, grâce à laquelle le groupe, qui se nomme alors Headwar, est très vite repéré, contribuant tout comme Abyssal ou de Portal, à fusionner black et death metal en un seul bloc mortifère dont ne sont conservés que les atours les plus noirs, les plus viciés. Comme d'autres également, ces Australiens participent de cette volonté d'effacer les individualités et toute balise à laquelle on serait tenté de se raccrocher. Ni nom ni photo.
Miserist, c'est aujourd'hui un premier EP éponyme, qui meurt de la même manière que son ébauche, en déambulant durant presque dix minutes dans les corridors d'un hôpital psychiatrique qui résonne de cris d'aliénés et de sons inquiétants, errance hallucinée entre ambient et noise qui prend la forme de ce Narinkuntu aussi effrayant que désincarné. Le fait que ce méfait soit expulsé au grand jour (façon de parler) de ce cerveau malade, par l'entremise de Krucyator Productions ne signifie pas seulement qu'il est bon, très bon même, mais surtout qu'il partage avec N.K.V.D et Autokrator, les autres signatures du label mené par Loic F, l'âme de ces deux entités, une vision identique d'un art sonore extrêmement tourmenté, sinistre et autarcique, sévère et élitiste. Le cadre est donc posé, d'une noirceur froide et autoritaire. Mais parler de disque à son propos parait presque absurde tant il se rapproche davantage de la bande-son d'un film horrifique, véritable kaléidoscope d'images insoutenables qui convoque la puissance schizophrénique d'un Gnaw Their Tongues. Le caractère instrumental de la bête procède de cette dimension immersive dont on ne sort pas indemne, plongée sans espoir de retour dans les arcanes oppressantes d'un monde gangrené par une folie contaminatrice. Précédé par une entame compressée aux relents industriels (Skin, Mold & Flame), Miserist resserre très vite cet étau apocalyptique en une violence déchaînée dont les tentacules rampent à travers un labyrinthe abyssal. Avec VIII, une marche vers l'indicible est franchie, emportée par ces guitares tendues en une érection infernale que perforent des breaks reptiliens. Pulsatif, Horrro Infinitum semble quant à lui aller nulle part, fausse et brutale respiration avant le torrentiel Lung Rust dont le premier segment, survolté et étouffant, cède vicieusement la place à une seconde partie, immobile mais toute aussi suffocante, laquelle prépare au dérelict terminal, le déjà cité Narinkuntu, conclusion définitive après laquelle rien ne peut subsister. On peut affirmer sans prendre trop de risques, que la suite s'annonce terrifiante. 3.5/5 (2017) | Facebook


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