Si vous vous demandez à quoi pourrait rassembler le fruit de l'union aussi redoutable qu'improbable entre le stoner doom et le metal progressif sous l'oeil vicieux d'un death metal repu de virtuosité, la musique que façonne Anciients en apporte la réponse, bouillonnante d'une violence affûtée et pourtant sombrement lumineuse, confirmant en cela et si le besoin en était encore que lorsque la technique est mise au service d'une férocité cataclysmique, le résultat ne peut donner naissance qu'à un monstre de puissance et d'émotions entremêlées, dont il est délicieux de se faire laminer les sens et les orifices par ses immenses battoirs.
Trois ans après avoir accouché d'un "Heart Of Oak" d'une énergie terrassante, les Canadiens ont eu raison de prendre leur temps, celui que nécessite cette architecture massive aux ramifications épaisses et noueuses. A l'instar de son mémorable aîné, "Voice Of The Void" épouse la forme d'un pavé de plus de soixante minutes, bloc de matière brute, dressé dans l'infini qu'il déchire de son faîte acéré. A son écoute, l'impression à nouveau de découvrir un Mastodon qui n'aurait pas perdu sa force d'évocation et qui surtout se prendrait pour un High On Fire plus déchaîné encore qu'il n'est, s'impose. Peaufinant son art, le quatuor continue de bâtir un véritable labyrinthe en clair-obscur, riche de nuances et d'ambivalences vertigineuses, brutal et mélodique, crépusculaire et magnétique tout ensemble. Si les voix d'outre-tombe participent de cet apocalypse sonore qui s'abat comme une chape de plomb, les guitares qui tour à tour érigent des remparts cyclopéens ou s'envolent très haut vers les cieux en une éruption de beauté, tressent l'ossature nerveuse de compositions aux dimensions épiques auxquelles le chant clair injecte une sève aérienne. Bien qu'extrêmement massif, ce qui n'est qu'un deuxième album progresse avec une grande fluidité, grâce à un menu dosé avec précision qui se scinde en deux parties bien distinctes. La première, qui s'ouvre avec le furieux 'Following The Voice', dont les préliminaires tendus comme le foc d'un navire annonce une tornade qui emporte tout sur son passage, suivant les reliefs tortueux d'une géographie abrupte et tranchante, se révèle aussi être la plus imparable. Avoisinant à eux deux les vingt minutes au compteur, 'Buried In Sand', pulsation vallonnée que perforent de multiples crevasses, lourdes ou stratosphériques et plus encore le gigantesque 'Worshipper', aux allures de cavalcade tumultueuse au final instrumental foudroyant, sont des joyaux d'orfèvrerie, écrins d'une magnificence conjuguée à une dureté testiculeuse. Plus trapu, 'Pentacle' complète cette série, agression pulsative qui s'abîme peu à peu dans les profondeurs de la Moria. Puis survient 'Descending', pause acoustique belle comme un chat qui dort, manière de reprendre son souffle avant de replonger progressivement dans l'intimité obscure d'une seconde partie aux méandres tentaculaires et d'un abord plus apaisé, avec 'Ibex Eye', élévation volcanique aux lignes vocales majestueuses qui meurt peu à peu, comme avalée par les abysses. Si 'My Home, My Gallows' n'apporte rien de neuf, malgré une conclusion superbe que tissent des guitares furieusement belles, 'Serpents' se veut une fausse ballade que colorent des claviers moelleux puis le terminal 'Incantations' qui lui aussi ne prend pas le chemin attendu, voyant sa douce entame céder la place à une violence orageuse, ne dévoilent leur trésor que par petites touches pointillistes, ce qui n'enlève rien, bien au contraire, à leur valeur. Avec "Voice Of The Void", Anciients fait mieux que transformer l'essai, accouchant d'une œuvre-fleuve qui fera date, aussi foisonnante que virtuose, aussi implacable qu'émotionnelle. 4/5 (2016) | Facebook
Trois ans après avoir accouché d'un "Heart Of Oak" d'une énergie terrassante, les Canadiens ont eu raison de prendre leur temps, celui que nécessite cette architecture massive aux ramifications épaisses et noueuses. A l'instar de son mémorable aîné, "Voice Of The Void" épouse la forme d'un pavé de plus de soixante minutes, bloc de matière brute, dressé dans l'infini qu'il déchire de son faîte acéré. A son écoute, l'impression à nouveau de découvrir un Mastodon qui n'aurait pas perdu sa force d'évocation et qui surtout se prendrait pour un High On Fire plus déchaîné encore qu'il n'est, s'impose. Peaufinant son art, le quatuor continue de bâtir un véritable labyrinthe en clair-obscur, riche de nuances et d'ambivalences vertigineuses, brutal et mélodique, crépusculaire et magnétique tout ensemble. Si les voix d'outre-tombe participent de cet apocalypse sonore qui s'abat comme une chape de plomb, les guitares qui tour à tour érigent des remparts cyclopéens ou s'envolent très haut vers les cieux en une éruption de beauté, tressent l'ossature nerveuse de compositions aux dimensions épiques auxquelles le chant clair injecte une sève aérienne. Bien qu'extrêmement massif, ce qui n'est qu'un deuxième album progresse avec une grande fluidité, grâce à un menu dosé avec précision qui se scinde en deux parties bien distinctes. La première, qui s'ouvre avec le furieux 'Following The Voice', dont les préliminaires tendus comme le foc d'un navire annonce une tornade qui emporte tout sur son passage, suivant les reliefs tortueux d'une géographie abrupte et tranchante, se révèle aussi être la plus imparable. Avoisinant à eux deux les vingt minutes au compteur, 'Buried In Sand', pulsation vallonnée que perforent de multiples crevasses, lourdes ou stratosphériques et plus encore le gigantesque 'Worshipper', aux allures de cavalcade tumultueuse au final instrumental foudroyant, sont des joyaux d'orfèvrerie, écrins d'une magnificence conjuguée à une dureté testiculeuse. Plus trapu, 'Pentacle' complète cette série, agression pulsative qui s'abîme peu à peu dans les profondeurs de la Moria. Puis survient 'Descending', pause acoustique belle comme un chat qui dort, manière de reprendre son souffle avant de replonger progressivement dans l'intimité obscure d'une seconde partie aux méandres tentaculaires et d'un abord plus apaisé, avec 'Ibex Eye', élévation volcanique aux lignes vocales majestueuses qui meurt peu à peu, comme avalée par les abysses. Si 'My Home, My Gallows' n'apporte rien de neuf, malgré une conclusion superbe que tissent des guitares furieusement belles, 'Serpents' se veut une fausse ballade que colorent des claviers moelleux puis le terminal 'Incantations' qui lui aussi ne prend pas le chemin attendu, voyant sa douce entame céder la place à une violence orageuse, ne dévoilent leur trésor que par petites touches pointillistes, ce qui n'enlève rien, bien au contraire, à leur valeur. Avec "Voice Of The Void", Anciients fait mieux que transformer l'essai, accouchant d'une œuvre-fleuve qui fera date, aussi foisonnante que virtuose, aussi implacable qu'émotionnelle. 4/5 (2016) | Facebook
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