AU PIF

Clint Eastwood | Space Cowboys (2000)


Œuvre importante dans la très longue carrière de Clint Eastwood, Space Cowboys l’est certainement. Après deux longs métrages, certes de grande qualité (Minuit dans le jardin du bien et du mal et Jugé coupable), mais n’ayant pas rencontré un grand succès, l’acteur se devait de prouver qu’il peut encore, à 70 ans, offrir un film majeur.
Pari réussi vu le score au box-office (plus de 90 millions de dollars de recette). Ensuite, dix-huit ans après Firefox, Space Cowboys marque un retour à la science-fiction, domaine pour lequel Clint n’a pas une grande attirance, même s’il s’agit davantage ici d’une approche adulte du genre, comme L’étoffe des héros, que d’un space opera façon Guerre des étoiles. Entouré d’un trio de comédiens tous impeccables et joyeusement complémentaires, le grand Clint poursuit, avec cette vingt-deuxième réalisation, l’exploration de ce qui est devenu un de ses thèmes favoris de ces dernières années : le vieillissement de son personnage. Même s’il s’y livre moins que dans ses films précédents, l’acteur n’a pas peur de se pencher sur la vieillesse qui le touche. Finalement la réparation d’un satellite n’est qu’un prétexte. Ce n’est nullement la science-fiction qui l’intéresse, mais la résurrection de quatre vieux briscards qui estiment (à juste titre) qu’ils ne sont pas encore bons pour la casse. Même si ces quatre personnages ont réussi leur vie, ils n’ont pu aller dans l’espace lorsqu’ils étaient dans l’US Air Force. Cette mission va justement leur permettre d’aller jusqu’au bout de leur rêve. On reconnaît là l’affection particulière de Eastwood pour les perdants magnifiques qui se battent pour s’en sortir et réaliser leur rêve, même si Space Cowboys aborde ce thème sur le mode humoristique. Le film est aussi une merveille d’équilibre, dominé par un ton toujours juste. A une première partie (la reformation de l’équipe et la remise en forme) savoureuse et très drôle, et qui a le bon goût de ne pas sombrer dans l’humour tendance gériatrie, succède une seconde (la mission en elle-même), peut-être plus conventionnelle, mais très maîtrisée et au suspense savamment conduit. Réalisé avec une simplicité et une sobriété exemplaire (comme toujours), Clint Eastwood livre avec Space Cowboys un de ses meilleurs films, ce qui, reconnaissons le, n’était pas gagné, eu égard à son sujet tout de même peu crédible. Cette odyssée de l’espace avait tout de l’entreprise casse-gueule. Mais l’originalité à tout prix n’a jamais été le souci principal de Clint. Ce qu’il cherche, c’est raconter une histoire solide, mettant en scène de vrais personnages et qui ont une âme. En cela, sur le fond comme sur la forme, Eastwood semble complètement à contre courant voire anachronique dans le cinéma américain actuel. Il apparaît bien comme le dernier représentant d’une certaine tradition hollywoodienne, classique mais nullement dépassé.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire