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KröniK | Anaal Nathrakh - The Whore Of The Law (2016)


Le nombre d'années au compteur – presque une vingtaine – n'a pas entamé la légendaire brutalité de Anaal Nathrakh, comme vient l'illustrer "The Whole Of The Law", neuvième méfait (déjà !) dont l'intensité n'a rien à envier à celle de ses aînés.
Les Anglais ont toujours su cultiver leur différence au sein d'une scène black sclérosée par les stéréotypes, en faisant fi des codes visuels de celles-ci (pas de ripolin sur la figure et des jeans et baskets en guise de tenue) et n'hésitant pas à passer à la moulinette indus voire electro un style qu'ils violentent avec l'agressivité effrénée du groupe de death metal qu'ils ont en fait peut-être toujours été. Que V.I.T.R.I.O.L. (David Hunt pour les impôts) gueule également dans le micro des vétérans de Benediction, participe d'ailleurs de cette filiation qui n'exonère en rien le magma organique que le duo martèle de sa dimension apocalyptique. Durant plus de cinquante minutes, bonus compris et sur lesquels nous reviendrons, ce nouvel opus imprime une violence hallucinée en une bouillie supersonique crachée par des blasts syncopés et un rempart de guitares. D'une densité extrême, ce maillage tendu comme un string grouille de toutes parts, répandant une négativité aussi démentielle que corrosive ('And You Will Beg For Our Secrets'). Pourtant, alors qu'il est à l'unisson d'une radicalité dévastatrice qui emporte tout sur son sillage comme une machine de guerre lancée à vive allure, le duo prend soin d'aérer ses agressions par de fugaces fissures atmosphériques ('Depravity Favours The Bold'), quelques kystes électroniques ('The Great Spectator') et soli étonnamment mélodiques ('We Will Fucking Kill You') ou un chant clair qui surgit comme une salvatrice oasis de vie ('In Flagrante Delicto', 'On Being A Slave'), toutefois vite annihilée par ces battoirs dont la tranchante férocité confine à une forme de folie que décuple une maîtrise technique affolante dans la lignée d'un Strapping Yound Lad. Une beauté sourde parvient même à suinter d'un 'Of Horror, And The Black Shawls' qui achève ce menu terrassant qui peut alors enfin respirer, avant que ne déboule, en guise de bonus, une reprise toute personnelle et en cela tout d'abord assez méconnaissable du 'Powerslave' de Iron Maiden, puis celle de 'Man At C&A' du groupe de new wave The Specials.  Avec "The Whole Of The Law", Anaal Nathrakh demeure fidèle à lui-même, démiurge d'un black death qui ne ressemble à nul autre, vibrant d'une intensité organique digne d'une centrale nucléaire en surchauffe. 3/5 (2016)


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