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KröniK | In Mortis Veritas - A l'ombre des sépulcres (2012)


Publié en 2012, A l'ombre des sépulcres incarne un double acte de naissance, d'une part, celui du label Exu Reis Records dont il est donc la première sortie, et d'autre part, celui de In Mortis Veritas, one-man band qui a vu la nuit en 2010 à Blois. Le nom de cette entité n'évoquera de fait pas grand chose à la plupart d'entre vous, d'autant plus que celle-ci s'est montrée bien (trop) discrète depuis lors, bien que la vie ne l'ait heureusement pas déserté puisque un second rituel semble imminent. En revanche, l'âme qui se cache derrière ce projet ne sera pas inconnue aux fidèles de la chapelle noire hexagonale. Non Serviam, de son vrai nom Christophe Sureau, peut en effet être considéré comme un des plus anciens artisans du genre grâce à Prophecy, figure patriarcale dont les démos ont participé, dans les années 90, à l'émergence d'une scène riche en pouvoir d'évocation et que ceux qui l'ont vécu ne peuvent que regretter tant son esprit s'est depuis envolé. La défloration de cet opus séminal témoigne que rien n'a vraiment changé pour ce musicien solitaire, imperméable aux évolutions que ce courant n'a pas manqué de connaître. Sans aller jusqu'à prétendre que A l'ombre des sépulcres pourrait se confondre avec une relique du passé que l'on viendrait d'exhumer, sa prise de son quoique authentique demeure suffisamment actuelle pour éviter cette confusion, le fait est qu'il renoue avec ce feeling unique, ce souffle impie qui auréolaient les hosties matricielles de jadis. La forme comme le fond participent de cette allégeance à une tradition séculaire. Ce dont on ne peut que se féliciter en ce sens où il est toujours jubilatoire de pouvoir savourer des albums à l'ancienne qui font fi des modes éphémères. La présence de Non Serviam assure au projet son incontestable sincérité et une maîtrise qui l'est tout autant. Les années n'ont semble-t-il pas érodé son inspiration ni son goût intact pour les atmosphères crépusculaires et les mélodies acérées. Il suffit d'écouter un titre tel que Life's A Sabbath pour mesurer combien son sens du riffing grésillant n'a pas pris la moindre ride, palpitant toujours de cette sève nocturne. L'oeuvre ne souffre pas d'être composée presque pour moitié de pistes instrumentales (ou presque) car celles-ci, loin de remplir vainement le menu, le structurent cependant qu'elles se révèlent toutes dans leur sinistre beauté, de l'intro Astral I s Cold Like Death au lugubre Evocation Inside The Egyptian Corridor, en passant par Last Song Before A Glorious Dead, cérémonie incantatoire tavelée d'une absolue tristesse, qui confine à une forme de transe hypnotique. Le reste oscille entre férocité (A l'ombre des sépulcres) et ambiances d'un occultisme mortuaire que tissent des ambiances obsédantes, à l'image de Psychedelik Satanisme dont les morsures laissent de profondes traces dans la mémoire. Tout du long, les guitares ouvrent les vannes d'une négativité malsaine, comme l'illustre un Kult Of Thanatos venimeux. In Mortis Veritas enfante avec ce premier album un joyau à la gloire d'un black metal tel qu'il aurait toujours dû rester.(2016)


                                   

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