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KröniK | Beyond Chronicles - Shatter (2015)


Comme on disait dans les années 70, en France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées. On a surtout - et encore une fois - de bons groupes qui depuis longtemps n'ont souvent pas à rougir de la comparaison avec les têtes de gondoles nordiques ou anglo-saxonnes. Beyond Chronicles le confirme à nouveau, jeune pousse énervé qui a vu le jour en 2012 à Sèvres et dont "Shatter" constitue le premier rot, que précédait cependant il y a quelques mois le single "No Rising sun". Ceci dit, rien dans ce EP ne trahit la jeunesse de ses auteurs et le déficit de maturité qui l'accompagne généralement, si ce n'est peut-être dans le type même de Death Metal qu'il mouline, toujours mélodique et à la mode suédoise, comprendre avec beaucoup de guitares leads dedans. et un chant râpeux biberonné au metalcore, lui-même enfant bâtard du Death façon In Flames et consort. Tout y est donc carré et imparable, millimétré et calibré. Si les bribes de voix claires peuvent agacer  car trop systématiques ('Born To Die'), outre le fait que c'est le style qui veut cela, au moins sont-elles maîtrisées. On préfère toutefois quand Andy se contente de faire dans le caverneux, ce qu'il fait très bien, merci. Peu original sans doute, "Shatter" honore cependant avec verve et puissance son cahier des charges, se délestant de six cartouches (dont une instrumentale) qui toutes font mouche, qualité qu'elles tirent d'une écriture nerveuses source d'excellentes idées ('Where I Belong' et son pilonnage de bûcheron) ainsi que d'une technique déjà insolente. Mention spéciale d'ailleurs aux deux duellistes Carrie et Julien,  qui lacèrent ces compos de coups de griffes accrocheurs, témoin par exemple ce 'Bereavement' épidermique. Bref, en un peu plus de vingt minutes aux menus défauts, Beyond Chronicles esquisse un art certes éprouvé mais qui a pour lui l'énergie sincère de musiciens qui se font plaisir et qu'on ne peut qu'encourager à poursuivre dans cette voie dans laquelle ils tirent déjà leur épingle du jeu. Pro et tendu comme le foc d'un navire, "Shatter" commence à peine à déflorer un potentiel qui, fort d'une exposition accrue et d'une personnalité plus affirmée, devrait exploser dans les années à venir. C'est du moins tout le mal qu'on peut souhaiter à ce groupe car il le mérite. 3/5 (2015)


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