En l'espace d'à peine quatre ans, Tartarus Records s'est imposé comme un des meilleurs labels consacrés aux riffs des abysses, dont la petite taille est inversement proportionnelle à sa valeur, démontrant au passage que la cassette, seul format sous lequel sont éditées ses productions, n'est pas mort, bien au contraire.
Mieux, les Hollandais sont parvenus à fidéliser leurs fans au point de pouvoir se permettre de vendre le jour du 1er avril 2016, une tape mystère, épuisée en quelques heures ! On découvrira peu après qu'il s'agissait de "Watch The Dr((o))ne", troisième offrande de 30,000 Monkies, rebaptisé pour l'occasion 3((0)), ((0))((0))((0)) M((o)nkies, manière de préciser que le successeur de "I Ate Myself To Grow Twice As Big", encore tout chaud, se révèle bien différent de ce que à quoi les Belges nous ont habitué. Ce dont on ne peut que se féliciter tant le groupe, en dépit d'un son aussi crasseux que pesant comme on les affectionne, ne nous a jusqu'à présent jamais franchement convaincu. Or, le quatuor trouve justement dans cette mixture, où copulent avec tension et âpreté drone, doom et ambient, un sens à son vît plongé alors dans les profondeurs d'une caverne ferrugineuse. Plus lourd, plus long, plus gros.
En quatre saillies aux allures de magma hurlant, les gars érigent un bloc de matière brute, sentencieux et expérimental, monstrueux et oppressant. A leur écoute, on a l'impression de guitares qui se fracassent, de riffs granitiques empilés en une stratigraphie hasardeuse, à l'image de 'Tukdam' qui semble vouloir aller nulle part mais réussit pourtant à fasciner grâce à ses glaciales nappes ambient et ses grosses pattes velues. Gravitant aux confins d'une folie prolifératrice, "Watch The Dr(o))ne" progresse (?) dans une obscurité opaque qu'aucune beauté ne vient jamais adoucir. Relégué au rang d'accessoires lointains, le chant (ou sa quasi absence), injecte à l'ensemble une dimension non seulement instrumentale mais surtout sombrement intense, toujours au bord de la rupture ('WOJCIECH'). De là à affirmer qu'il s'agit là d'un indispensable, il y a un pas que nous ne franchirons pas car, bordélique happening sonore, le tout s'apparente trop à une longue improvisation pas toujours maîtrisée, pour emporter totalement l'adhésion. Reste que, grâce à cet album, les Belges commencent enfin à vraiment nous intéresser ! (04.08.2016)
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