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KröniK | Zone Six - Love Monster (2015)


Avec Electric Moon, Krautzone et Sula Bassana en solo, Zone Six est l'un des quatre côtés d'un carré magique allemand dédié au trip psyché qui sent bon la fumette. S'il est bien entendu permis de se demander quel est l'intérêt pour le multi-instrumentiste, toujours flanqué de sa fidèle bassiste (et graphiste) Komet Lulu, de butiner ainsi plusieurs projets, des nuances, certes subtiles bien que réelles, distinguent pourtant chacun d'entre eux. Prenons donc par exemple le cas de Zone Six, historiquement l'un des premiers groupes du Teuton autour duquel se sont succédé  depuis 1998 de nombreux musiciens en un line-up à géométrie variable. L'équipe actuelle est quasiment la même que celle de Krautzone mais les instruments ont souvent changé de mains, Sula étant désormais derrière les fûts après avoir tenu la (space)basse et la guitare. Outre la jeune femme, ses vieux complices Rainer Neeff et Modulfix complètent donc la formation. Au départ, proche de la Trance, la musique de Zone Six a peu à peu dévié vers un rock cosmique qui n'est en définitive et nonobstant la partition peut-être plus hypnotique et duveteuse tricotée par le claviériste,  pas si éloignée que cela d'Electric Moon. De même, si le jeu de Rainer Neeff diffère quelque peu de celui de Bassana, son registre reste très cotonneux. Mais qu'importe au final que ces nuances entre tous ces flacons ne sautent pas forcément aux oreilles car l'ivresse psychédélique est toujours au rendez-vous, jouissive et démesurée. Avant tout taillé pour les happenings sonores, Zone Six n'accouche avec "Love Monster" que de sa troisième galette studio, la première depuis onze ans ! Le voyage s'articule autour de quatre pistes oscillant entre sept et quinze minutes au compteur dont les contours flous donne l'impression de n'avoir à faire  qu'à une seule et longue échappée. Guitare stratosphérique noyée sous les effets, basse gourmande, synthés qui bourgeonnent de notes spatiales et batterie trippante assurent le décollage vers les étoiles. Le titre éponyme et 'Cosmogyral' sont les deux sentinelles qui encadrent l'écoute, ondulantes élévations aux allures d'improvisations démentielles qui semblent ne jamais vouloir s'achever. On imagine sans peine leur version live,  point de départ de dérives aussi jubilatoires qu'interminables. Entre les deux, 'The Insight' puis 'Acidic' épousent un cadre plus accrocheur bien que baignant toujours dans des relents de pipe à eau. Sans jamais se prendre les pieds dans les fils d'une écriture lâche, Zone Six enfante un album qui se ressent comme un trip aux vapeurs aussi hallucinées que spatiales. Incontournable à l'image de tout ce que touche le révéré Sula Bassana.(2016)


                                     

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