Il y a des albums qui s'imposent à vous d'entrée de jeu, auxquels il suffit de quelques passages à peine sur la platine pour faire leur trou dans notre mémoire qu'ils ne quitteront plus dès lors. "Nekromant" fait donc partie de ces rondelles aussi rares que miraculeuses dont on a l'impression qu'elles nous accompagnent depuis toujours alors qu'on vient seulement de les déflorer. A la limite, cette chronique pourrait s'arrêter là. Mais non. Sachez que Serpent est un jeune groupe suédois qui forge une musique velue et nerveuse, à la croisée du doom et du heavy, que saupoudrent de légères touches bluesy. Remarqué par le précieux label Transubstans Records, le trio signe là sa deuxième galette après l'auto-produit "Slaves Of Babylon", lui même précédé par le EP "Black Magick". Voilà. Encore une fois, nous pourrions stopper là ces quelques lignes dont le contenu devrait suffire à vous convaincre de vous jeter sur ce "Nekromant" de première bourre. Car que dire de plus si ce n'est qu'on tient là, en effet, un très grand disque de rock tout court, d'une effrontée réussite. Tout y est : les compos du feu de dieu, de celles qui donne la trique des grands jours, le feeling qui dégueule de toute part, la classe tout simplement. En dépit d'un maigre pedigree, ces trois musiciens font preuve d'un métier qui fait croire que l'on a affaire à des briscards chevronnés alors qu'ils ne sont ensemble que depuis quatre ans ! Le fait qu'il s'agisse d'un power-trio n'est pas anodin, cette forme simple, presque primaire par nature assurant le caractère dépouillé sinon direct d'un art qui ne s'embarrasse d'aucun artifice. Sans prétention, si ce n'est celle de se faire plaisir, Serpent va à l'essentiel, sculptant dans la terre neuf titres aux allures de brûlots incandescents. Propulsé par un chanteur au timbre idéal, c'est un doom constamment accrocheur qui déboule, parfois ultra plombé et lancinant à l'image de 'Leaving The World' qui flirte avec un blues vicieux mais toujours envoûtant et orgasmique. Si certains morceaux sont plus faciles ('Hounds Of Hell'), la plupart d'entre eux se révèlent être des bijoux de puissance et d'ambiances. 'Doom On You' aux lignes ensorcelantes, 'Feverdream', qu'irriguent des guitares rugueuses et surtout ce 'Hey You' monumental et d'une pesante majesté, constituent une irrésistible triplette, à laquelle il convient d'ajouter un 'Master Of Ceremony' qui envoie le petit bois, sans oublier ce 'Demon On Your Side', bien mortel. Sans doute pas très original dans la forme comme dans le fond, Serpent n'en reste pas moins un solide artisan pourvu d'un talent en constante érection. Vivement la suite ! (2016)
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