Brouillarbre, ce nom sonne comme une évidence, celle de l'alliance entre Brouillard et Arbre, deux entités hexagonales aussi obscures que mystérieuses qui font plus que partager un même label, Distant Voices, modeste mais sincère artisan des ténèbres qui poursuit avec une admirable discrétion son chemin, chacune forgeant un art noir dont les traits dépressifs se marient à des aplats convulsifs et hypnotiques à la fois. Premier split du label, l'objet épouse la forme d'une tape limitée à 49 copies. Deux pistes s'y déploient, d'une même durée, de 24 minutes et 39 secondes chacune, architecture dilatée qui ne surprend pas de la part de ces protagonistes habitués à ce genre de course de fond. Sa construction le permettant, plongeons-nous maintenant dans l'intimité de cette rencontre, laquelle s'ouvre telle deux cuisses qui s'écartent, avec le fruit de l'Arbre. XII est son nom. Passée une (trop) longue introduction qui résonne de crépitements étranges, le titre démarre avec cette fièvre saccadée coutumière de son créateur et donne le branle à un black metal qui bouillonne d'une noirceur emphatique. A travers le mur qui s'érige suinte une brume de cris inaudibles. Répétitive, la pulsation s'arrête plusieurs fois pour ensuite reprendre sa mélopée mécanique aux allures de transe. On lui préfère toutefois la contribution éponyme de Brouillard, véritable cathédrale aux dimensions cyclopéennes dont les parois sont secouées par les coups de boutoir d'une batterie métronomique. Gonflée d'une semence désespérée, la guitare a quelque chose de vertigineux arcs-boutants. Coupée en deux par un gouffre égrenant des notes squelettiques, la piste offre une seconde partie qui galope avec ce tempo effréné toujours de mise, parcourant un paysage ravagé avant de mourir sur une conclusion aux teintes sinistres. Davantage qu'un simple split, Brouillarbre se révèle être une oeuvre cohérente et à part-entière, dont les deux segments se complètent. Arbre et Brouillard se fendent chacun d'un titre selon leur style pour un résultat sombrement entêtant bien qu'un chouia inférieur à leurs offrandes respectives. Mais il y a de toute façon cet esprit underground qui emporte tout et auquel est attaché Distant Voices dont on espère qu'il (sur)vivra longtemps encore ce qui, dans le contexte actuel, n'est pas évident quand bien même son catalogue qui s'enrichit tout doucement ainsi que sa démarche, prouvent que le combat face au tout digital n'est pas perdu... 3/5 (2015)
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