De la Grèce, on connait ses images d'Epinal, Demis Roussos etc..., mais moins son rock velu. Pourtant, le pays regorge de groupes sévèrement "burnés", pour qui le mot riff a encore un sens. Affublé d'un bien curieux nom, Potergeist est de ceux-ci. Actif depuis une dizaine d'années, ce quatuor athénien n'a pas chômé puisque "Crocodile Tears" est déjà son quatrième effort. Tout d'abord arrimés au southern rock, les Grecs s'en sont peu à peu éloignés pour arpenter aujourd'hui les terres plus heavy encore d'un stoner metal façon rouleau-compresseur et donc davantage porté sur le gros qui tache que sur la pipe à eau. Et comme chez bien d'autres jeunes fleurons du genre, on sent poindre, notamment dans les lignes de chant, une influence grungy toujours séduisante, quand bien même Alex S. Swamp ne rechigne jamais à grogner comme un grizzly en colère ('Truth'), ce dont on ne se plaindra évidemment pas. Malgré une originalité peut-être aux abonnés absents, force est de reconnaître que Potergeist envoie le petit bois, sans prétention, avec cette savoureuse simplicité qui reste l'apanage de musiciens sincères, qui ont le Rock avec un grand R - le vrai, le pur - chevillé au corps. Sans jamais débander et enrobé dans une production énorme, "Crocodile Tears" file très vite, trop vite même, imparable brochette de grenades remplies jusqu'à la gueule d'une semence aussi épaisse qu'électrique. Dommage toutefois que le groupe ne varie pas plus les plaisirs, tout du long prisonnier d'un schéma dont il ne s'éloigne véritablement que le temps du magnifique 'Last Punk Standing', échappée plus lente que ses devancières et que sillonnent des guitares aux courbes obsédantes, tout autant point d'orgue que point final d'une écoute toujours agréable. Saupoudré d'un peu de plus de variété, l'album aurait tutoyé le sans-faute. En l'état, il n'est donc qu'un bon disque, d'une séduction immédiate, alliage de puissance et de mélodies trapues, ce qui après tout n'est déjà pas si mal. (2015)
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