On peut être un modeste (par la taille non par la valeur) label et pourtant réussir l'exploit de rassembler sur une même affiche ce qui se sait de mieux en terme d'Ambient Indus sludge doom etc... hexagonal (surtout). Ce label, c'est Cold Dark Matter dont les deux premières offrandes, celle de Fange et le split Leben Ohne Licht Kollectiv / Immemorial, nous avaient déjà bien remué les tripes. L'affiche, c'est une doube compilation baptisée Primo Giedi au menu pantagruélique qui se divise en deux parties, "Deimos" puis "Phobos", soit, excusez du peu, près de deux heures de son(s) ! Et ce qui aurait pu se solder par un gros plat indigeste difficile à terminer, s'enfile avec une étonnante aisance. Car ce qui aurait pu ne se réduire qu'à un catalogue aussi incohérent que fastidieux épouse au contraire la forme d'un ensemble indivisible dont l'apparente hétérogénéité ne grève pas une progression intelligemment élaborée où chaque morceau s'imbrique dans un édifice d'art total. Quel rapport en effet et à priori, entre la dark ambient métaphysique de Treha Sektori et le sludge spatial de Bitcho ? Entre le Doom de Haxo et l'indus mélancolique de Kill The Thrill ? Peu de choses peut-être si ce n'est la même encre noire du désespoir qui a servi à leur écriture. Pourtant, une belle fluidité caractérise cette indispensable compilation derrière laquelle on sent la présence d'un démiurge qui possède une vraie vision artistique aussi bien qu'esthétique. Damien Luce, qui en a profité pour y glisser un titre de son Art 238, est ce magicien qui a donc conçu cette somme comme une oeuvre à part entière, bloc aussi halluciné qu'hallucinant, aux dimensions monstrueuses. Du coup, vouloir en détailler soigneusement le menu, piste par piste, semble absurde et contraire à sa forme volontairement unitaire. Mentionnons toutefois certaines d'entre elles, les contributions respectives de Jessica 93, qui a des allures d'une respiration salvatrice, quoique obsédante, au milieu de ce magma étouffant, de Hendiadys et sa longue plainte d'une ambient décharnée et cosmique. Citons également V.I.O.L. et son infernal titre éponyme de quasiment trente aliénées minutes. Sans oublier le 'Berhn Enh Seh Erha' d'un Treha Sektori fidèle à un style dont il ne se départira sans doute jamais, ce qu'on ne lui demande pas de toute façon. Mais arrêtons-là cette description afin de vous laisser emporter par ce voyage aussi sombre que trippant vers des sphères inconnues... (2015)
Tout à fait.
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