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A Forest Of Stars | A Shadowplay For Yesterdays (2012)



















Entité parmi les plus excitantes que le Black-Metal dans sa définition la plus large nous ait offert depuis (très) longtemps, A Forest Of Stars ne pouvait pas ne pas intéresser un label plus important que le confidentiel Transcendental Creations, qui a édité Opportunistic Thieves Of Spring après l'autoproduction The Corpse Of Rebirth.

C'est donc chose faite puisque la formation britannique vient désormais enrichir l'écurie de Prophecy, via sa sous-division Lupus Lounge, chez laquelle elle devrait se sentir à son aise. Empyrium, Alcest ou Negura Bunget travaillent chacun à leur manière un matériau noir qu'ils déclinent avec force personnalité. C'est justement le cas de A Forest Of Stars dont on serait bien en peine de l'arrimer à une quelconque chapelle.

Si la présence, au beau milieu de ce Club de Gentlemen comme le groupe se fait appeler, d'une ancienne claviériste et violoniste de My Dying Bride, peut suggérer une approche néo-classique de l'art noir, celui-ci est en réalité bien plus que cela et A Shadowplay For Yesterdays, une œuvre à nouveau foisonnante, à la fois proche et différente de ses aînés. Proche car l'identité particulièrement affirmée, tant sonore que visuelle, de ses auteurs, est désormais reconnaissable, mais différente en cela que les Britanniques réussissent l'exploit de ne pas se répéter, de progresser ce qui, vu la complexité de leur musique, n'est pas si aisé. Bâtisseur d'un Black-Metal d'un sombre romantisme, jamais auparavant A Forest Of Stars n'était aussi bien parvenu à matérialiser le concept victorien qui lui sert d'humus ("Gatherer Of The Pure"). En dépit d'une densité impressionnante, A Shadowplay For Yesterdays insiste avant tout sur les atmosphères que tissent une imbrication d'arrangements (flûte, violon, piano, percussion) et de strates aussi bien instrumentales que vocales. Certes plus accessible que Opportunistic Thieves Of Spring, cette troisième offrande brille d'un éclat noir qui touche le cœur autant que l'âme. Si "Prey Tell Of The Church Fate", entame brutale malgré les arabesques classiques dont il se pare, laisse tout d'abord augurer d'une œuvre assez âpre, la suite, heureusement, se teinte d'une dimension baroque hallucinée ("Corvus Corona"). Véritables pandémoniums, ces compositions fleuves grouillent d'une beauté insoupçonnée ("A Prophet For A Pound Of Flesh" aux riffs bouillonnants, "Left Behind As Static"). Elles ont quelque choses de labyrinthes dans lesquels on aime se perdre et qu'une vie entière ne suffiraient à en faire le tour ni à en trouver l'issue. Plutôt que d'en détailler chaque recoin, chaque parcelle, mieux vaut vous laisser les découvrir par vous même tant il y a de choses à dire sur cet album d'une très belle richesse, lequel, ce faisant, ne fait que confirmer plus encore le potentiel de cette troupe de musiciens dont l'inspiration n'a d'égale que le pouvoir d'évocation. A Shadowplay For Yesterdays n'est pas seulement plus accessible que ses prédécesseurs : il est aussi et surtout plus homogène, plus équilibré, sans pâtir de certaines longueurs, contrairement à Opportunistic Thieves Of Spring dont la dernière partie a pu en rebuter beaucoup. (28.11.2012 | Music Waves)





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