Après une première partie de carrière bien remplie, Atavist semble être entré dans une phase d'hibernation, dont les derniers signes de vie ont été la seconde collaboration avec Nadja (Points At Infinity) et le split l'associant à Satori et... Nadja (encore eux) en 2008. Mais n'allez surtout pas croire que ses membres se prélassent depuis deux ans au fond d'un canapé. Au contraire, ils sont toujours aussi actifs. Seulement, ce n'est plus la déesse du Doom/Sludge apocalyptique qu'ils ont envie d'exalter actuellement mais plutôt les forces sombres et séculaires d'un Black Metal d'obédience païenne et guerrière. Entamés à peu près au même moment, Wodensthrone (pour Richard Brass) et Winterfylleth (Chris Naughton, Simon Lucas et autrefois Brass également) sont les deux entités qui les occupent, leur permettant d'assouvir leur soif noire et patriotique. Soit les deux faces, à la fois (un peu) différentes et complémentaires d'une seule et unique pièce de monnaie frappée avec le cuivre et le sang de jadis. Si le premier développe une approche sans doute plus atmosphérique dans son expression de l'art noir, le second se veut plus abrasif et ferrugineux cependant qu'ils partagent un penchant identique pour les longues flambées épiques. Succédant à un premier jet remarqué (The Ghost of Heritage sur lequel apparaissait déjà "Defending the Realm"), que précédait une démo (Rising of the Winter Fullmoon), The Mercian Sphere sait à nouveau mettre tout le monde dans sa cuirasse avec un seul titre en ouverture, le monstrueux "The Solitary One Waits For Grace", pan inaugural d'une trilogie fabuleuse baptisée "The Wayfarer". En sept minutes, Wintefylleth offre une synthèse de son art, plongée ensanglantée dans l'histoire de la Perfide Albion qu'irriguent des riffs granuleux coulés dans le fer des armes ayant servis aux batailles ancestrales. Les Anglais y galopent à travers les terres d'un Black Metal granitique, porteur de cette dureté du trait propre au pays qui les a vu naître. Mais là où The Ghost of Heritage souffrait d'un léger déséquilibre entre une première partie tonitruante et une seconde à l'inspiration (un peu) moins grande, cette seconde épopée possède une tension qui jamais ne faiblit. S'il a quelque peu perdu sa sévérité abrupte qui lui conférait presque une forme d'austérité, Winterfylleth a par contre gagné une puissance de feu qui en fait un des plus impressionnants hérauts des valeurs et des traditions de jadis. On craignait un peu que la récente signature chez Candlelight Records ai assagit sa fureur minérale. Heureusement, il n'en est rien, comme le démontrent le brutal "The Fields of Reckoning" ou le rapide "Awakens He, Beret of Kinsmen", second segment du triptyque dont l'enchaînement avec le premier volet se révèle superbe. Mieux, le groupe est désormais plus monumental encore. Il suffit d'écouter les longs morceaux de bravoure que sont "The Honour of Good Men On the Path To Eternal Glory", qu'ouvrent des arpèges teintés d'émotions, ainsi que "The Wayfarer Pt. 3 : To Find Solace... Where Security Stands" pour se convaincre de la dimension épique et colossale acquise aujourd'hui. Tout en mettant parfois l'accent sur des lambeaux folkloriques discrets qu'incarnent notamment des pièces instrumentales et acoustiques ("Children of Stones" et "When the Woods Were Young"), les guerriers anglais conservent toujours cette gravité sèche séparant l'authenticité du vrai Pagan Black Metal, celui de Primordial, de Drudkh ou de Wodensthrone justement, du toc dont résonnent les glaives en plastique de musiciens habillés en peaux de bête, la gueule peinturlurée, plus troubadours que combattants. Un grand disque qui surpasse de la tête et des épaules son prédécesseur. 4/5 (2010)
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