AU PIF

Black Pyramid | S/T (2009)


Ils sont trois, Andy, Gein et Clay. Un power-trio, la combinaison idéal pour vidanger la musique qui coule dans leurs veines. Ils sont Américains aussi, évidemment. Ils arrivent, branchent leurs instruments... et envoient la purée. Pesante comme un dimanche pluvieux, épaisse, grasse comme du mazout. S'ils aiment téter une bonne bière, leur mamelle favorite demeure le bon vieux Sab' des années 70 ('Worm Ouroboros' semble ainsi presque être une reprise d'un titre de"Paranoid") et d'une manière générale tout le doom qui sent sous les bras, Saint Vitus, Pentagram... La pièce empeste la fumette mais ce n'est pas grave, ça fait partie du charme. Au fait, ces gars se réunissent sous le nom de Black Pyramid et nombreux sont ceux qui les attendaient les mains moites depuis une démo séminale et un EP éponyme qu'il ne faudrait pas confondre avec ce galop d'essai qui agglomère il est vrai certains chichons déjà connus des amateurs ('Visions Of Gehenna', 'Mirror Messiah', 'No Life King', bref le début de la rondelle). Flottant dans des relents psychés heureusement pas trop cotonneux, "Black Pyramid" conjugue la puissance tellurique du doom ('No Life King'), la flamboyance du hard rock (les soli lumineux bien que coulé dans le mazout qui parsèment le magnifique 'Mirror Messiah' ou 'Twilight Grave', ainsi que la pause toute en arpèges 'Celephaïs') et les dérives stoner. Le chant éructé par une gorge embrumée participe en outre d'un décor déjà planté par d'autres sans que cela soit fâcheux. Car les mecs maîtrisent leur stoner doom comme personne ; ils récitent leur leçon parfaitement apprise avec en plus, ce je-ne-sais-quoi qui les distingue de la consommation (très) courante et leur offre le droit de revenir pour un second épisode. Les fondations sont solides, ancrées dans un substrat que ne vient jamais éroder de quelconques emprunts synthétiques, progressifs ou décalés malgré un sens des atmosphères évident. Non au contraire, Black Pyramid ne plaisante pas et sa plastique, super heavy s'en ressent. Ecoutez l'instrumental 'Macédonia' aux multiples arabesques pour vous faire une idée juste : épique, lourd sans pour autant oublier la mélodie qui transpire de lignes de guitares dantesques et décollant parfois très haut. Quelle jouissance ! D'ailleurs on sent bien que plus la galette progresse plus les instruments donnent l'impression de marcher au ralenti, tant les notes qu'ils vidangent sont peu à peu prisonnières d'une marée noire. L'ultra doom 'Worm Ouroboros', 'The Cauldron Born', dont la longue entame est  une pure merveille, ont en effet quelque chose d'enclumes minées par la pesanteur. Témoin aussi le terminal 'Wintermute', lente déambulation qu'irriguent des riffs et des attaques de six-corde à la fois sentencieux et majestueux et qui meurt en un fondu dissonant comme pour dire qu'il ne peut plus rien y avoir après cela. Voilà donc un excellent opus dans le genre finalement plus doom que stoner et dont le manque d'originalité n'empêche pas d'être à la hauteur des attentes. (2009)


                                     

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