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KröniK | Pantheon I - Worlds I Create (2009)


Il ne faut souvent pas grand chose pour qu'un groupe perde tout crédit auprès du public... Un mauvais concert par exemple. C'est ce qui est arrivé à Pantheon I. Fort d'une seconde offrande convaincante (The Wanderer And His Shadow, sur laquelle apparaissait, le temps d'un titre, le grand Lazare de Solefald et son chant divin), nous étions nombreux à attendre beaucoup des Norvégiens lorsqu'ils ont ouvert pour Mayhem en 2007 à Paris. Las, un manque flagrant de charisme associé à une incapacité regrettable à retranscrire toute la finesse dont ils sont pourtant capable sur disque, ont déçu ceux qui les connaissaient déjà et n'ont pas donné envie aux autres de les découvrir plus avant. Ajoutons à cela une violoncelliste, certes appétissante, mais aux allures de potiche et vous comprendrez que le résultat ne fut pas à la hauteur des attentes, somme toute assez modestes. Mais après tout, peut-être que la formation n'était tout simplement pas en forme ce soir-là...

Ceci étant, en studio, la situation se révèle bien différente. Worlds I Create le démontre une fois de plus. Réunissant pas mal de mercenaires de la troisième génération de la scène black metal norvégienne (et de Oslo pour être plus précis) promenant ou ayant promené leurs guêtres chez 1349, Slavia, Koldbrann ou bien encore Tyrann, Pantheon I délivre un art noir évolutif, que l'on pourrait qualifier de post black metal car plus raffiné que celui forgé par nombre de ses confrères du coin. Pour autant, raffiné et évolutif ne signifient pas que leur musique soit prisonnière d'une quelconque mollesse, bien au contraire. Denses, rapides et violentes, leurs compositions ont l'âpreté et la froideur du grand nord. Et alors qu'il est souvent de bon ton d'injecter un peu plus de mélodie les années au compteur s'accumulant, les Norvégiens eux, durcissent encore davantage le ton. Ce qu'ils font d'entrée de jeu, avec le terrible "Myself Above All", saillie longue et brutale, aux multiples cassures, toutefois fissurée par des passages flamboyants que ne renierait pas Opeth. Plus discret que sur The Wanderer And His Shadow, le violoncelle accompagne ("Burn The Cross") cette fois plus qu'il ne souligne les traits de compositions toujours alambiquées. On tient d'ailleurs là une des marques de fabrique du groupe, savoir écrire des titres oscillants entre cinq et sept minutes, complexes et étouffants, sombres et haineux et écartelés par des structures changeantes, bien qu'ils soient éclairés par des atours finalement assez mélodiques. Les "Define The Trinity" et "Serpent Christ" en représentent les parfaites illustrations. Comme sur l'oeuvre précédente, on croise un invité prestigieux sur Worlds I Create, chargé de poser quelques lignes de chant clair. Après Lazare donc, c'est Jonas Renkse de Katatonia qui vient pleurer son désespoir sur le superbe "Ascending", qu'il transcende avec panache. Forcément, un des meilleurs morceaux du lot ! Autre Everest, le terminal "Written In Sand", sans doute le chef-d'oeuvre du groupe, qui débute sur un tempo lancinant, que pilotent des guitares au goût de fiel qui grésillent comme dans la grande tradition du genre. Pourtant, très vite, après l'intervention de Live Julianne aux cordes, une sauvagerie primaire propulse le titre vers des contrées d'une radicalité et d'une noirceur hallucinantes... avant de mourir en beauté. Avec Worlds I Create, Pantheon I vient encore de nous offrir un album de black metal d'un haut niveau et confirme que la Norvège a encore des choses à dire dans le genre. Reste plus qu'à confirmer cette réussite sur scène... (28.07.2019) ⍖⍖⍖


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