AU PIF

Klaus Schulze | Dziękuję Bardzo - Vielen Dank (2009)



















Après Rheingold, publié en cd et DVD et en attendant le concert parisien de septembre prochain (le 23, à la Cigale) que le maître, accompagné pour l'occasion de sa déesse Lisa Gerrard, va offrir à son public qui n'en peut plus de patienter, voici débouler dans les bacs, Dziekuje Bardzo.

Encore ! diront probablement certains. En effet. Il est vrai que le précédent a vu le jour il n'y a pas si longtemps que cela. Mais, si pour n'importe quel autre musicien (ou presque), la boulimie d'enregistrement en concert pourrait être synonyme de produits inutiles car redondants, il n'en est heureusement rien avec Klaus Schulze lequel, n'a pas pour habitude de se contenter de reproduire sur scène à la note prêt ses compositions. Non, ses concerts ont quelque chose de performances inédites où tout peut arriver. C'est ce qui en fait toute la valeur. Et à ceux qui s'interrogeront sur l'intérêt de se procurer cette triple ration (!) lorsque l'on a déjà acheté Rheingold, je ne peux que les inviter à ouvrir de nouveau leur bourse les yeux fermés car, pour la raison énoncée plus haut, Dziekuje Bardzo n'est pas une redite par rapport à son aîné de quelques mois et a donc toute sa raison d'être. Tellement heureux du concert que les deux artistes avaient donné au Loreley festival en juillet 2008, Klaus Schulze et Lisa Gerrard décident de se retrouver le temps de deux soirées magiques les 12 et 13 novembre derniers, la première à Varsovie dans une basilique, la seconde à Berlin. Ce sont ces deux communions, réparties sur trois disques, que l'on a le privilège de s'écouter avec ce live.

Comme pour Rheingold, c'est une ambiance de recueillement feutré qui drape ces six longues pistes d'une beauté quasi religieuse et mystique. Ceci est particulièrement vrai lors du sombre et majestueux "Bazylika NSJ", qui pendant plus de 40 minutes, étend un voile irréel dont la dimension liturgique le rapproche de la puissance des chants grégoriens. Discret, l'Allemand préfère laisser la chanteuse égrener sa voix aérienne, étrange et profonde. Qu'il est bien difficile de ne pas se laisser transporter par cette complainte qui tutoie la transcendance. Spectrale, Lisa envahit l'espace sonore de ses lignes habitées, à l'image également du tripant "Ocean Of Innoncence", un des sommets de ce live qui pourtant n'en manque pas. Malgré tout, Klaus n'est pas en reste ; il accède même au Valhalla durant les gigantesques "Shoreless Two" et Shoreless One", où il peut libérer, seul, ses effluves électroniques wagnériennes hypnotiques et proche de la trance. De fait, Dziekuje Bardzo prend parfois les allures d'un opéra baroque à la fois épuré, intimiste même et pourtant monumental. On a tous été inquiets par les problèmes de santé que le génie germanique a rencontré après Kontinuum ; cette rencontre artistique et humaine foisonnante avec l'ex Dead Can Dance, démontre qu'il n'a rien perdu son démentiel talent. Mieux, à l'écoute de ses prestations à jamais immortalisées, on se dit même qu'il atteint actuellement la quintessence de son art, un art qui n'aura jamais sonné avec autant de pureté. Une musique qui élève l'âme. Je pense ne pas pouvoir mieux résumer ce voyage envoûtant, parfaitement complémentaire à celui que le tandem a capturé avec Rheingold. Un des incontournables de l'année. Tout simplement. (15.07.2009)
                                 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire