Alors que Suicidal Madness, où il assure les guitares, vient d'enfanter le très attendu Dégénérescence, Psycho n'a pas manqué de faire parler de lui quelques mois plus tôt à l'occasion de la première démo de Inexistence, jardin secret dont il bine la terre electro/ambient, seul dans son coin. A l'aide de nappes synthétiques et d'une batterie programmée, l'homme tisse une toile intimiste et doucement mélancolique, en une sorte d'errance plus contemplative que dépressive.
S'il partage avec le principal port d'attache de son créateur, cette encre gonflée de tristesse, les ressemblances entre les deux projets s'arrêtent là. Point de black metal chez Inexistence donc mais ce même genre d'expression désolée et minimaliste que le Burzum carcéral égrenait jadis, témoin ce 'Agonie' suintant de mal-être avec une épure exemplaire. Si sa nature artisanale ne l'exonère pas de quelques faiblesses notamment un son un peu maigrelet et la tentation de s'enliser dans un sirop plus misérable que dramatique ('Désolation'), ce premier signe de mort bat d'un pouls souvent obsédant ('Psykothic') et dévide des atmosphères pluvieuses de décrépitude ('Anxiety') qui finissent par engourdir l'auditeur qui pourra y puiser matière à ruminer sa solitude, à cultiver ses regrets en un reflux funèbre. Petit caveau d'une vingtaine de minutes que remplissent cinq pistes squelettiques, cette démo n'est pas à prendre pour autre chose que ce qu'elle est, un agrégat d'ambiances délavées qui offre à son auteur le chemin pour épancher sa soif de musique électronique en héritier modeste mais sincère des Varg Vikernes, Satyr (Wongraven) et autre Fenriz (Neptune Towers) qui, en leur temps et chacun à leur façon, ont eux aussi exploré cette excroissance synthétique de l'art noir. Reste que l'on préfère quand même le guitariste lorsqu'il sculpte des gisants au sein d'un Suicidal Madness plus funéraire et (forcément) plus agressif... (01.04.2019)
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