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ÖfÖ Am | Tales From Outerspace : An Octaman's Odyssey (2018)



















Ils sont trois, Antoine (guitare), Geraud (basse) et Nicolas (batterie) et sont réunis sous la bannière énigmatique d'Öfö Am. Ils aiment le rock, le vrai, celui qui sent sous les bras et fait trembler des murs d'amplis Marshall.

Ils forgent un stoner rock en fusion qui n'a pas besoin de s'encombrer d'un chanteur pour exister. C'est un (power) trio instrumental donc, aux allures de dynamo vivante pour qui le riff et le groove sont des valeurs cardinales. Tout cela nous évoque forcément un peu Karma To Burn avec lequel, d'ailleurs, le groupe n'a pas partagé une rondelle par hasard. Sur le papier, la filiation est évidente mais ne saute pourtant pas tant que cela aux oreilles. Deux splits, un EP et une première bûche éponyme ont vu les Montpelliérains façonner un son, plus rond, moins burné que celui des Américains, et surtout un univers à la fois fun et coloré qu'on devine nourri aux pulps, aux BDs et au cinéma bis peuplé de bestioles venues de l'espace.

Ce sont aussi des hommes de (bon) goût, ce dont témoigne l'artwork exquis et science-fictionnesque signé Vincent Vidor habillant "Tales From Outerspace : An Octaman's Odyssey". Avec sa nana sexy aux formes appétissantes qu'on a envie de prendre à pleines mains et son bellâtre aux prises avec un homme pieuvre, on pense aux planches de Stan et Vince. Particulièrement réussie, cette pochette taillée pour le vinyle en dit du reste plus long sur le contenu dont elle est l'écrin aguichant que de vaines phrases. Si un beau visuel ne fait pas un bon disque, cette seconde épopée est pourtant à l'image de son habillage : sexy et orgasmique. Si, nonchalants, les Öfö Am n'ont pas l'air de se prendre la tête, ils ne rigolent pour autant pas lorsqu'il s'agit de débiter du riff de bûcheron par palettes entières. Ils sont les conteurs d'aventures galactiques dont les péripéties prennent vie par la magie d'instruments bouffeurs d'espace. L'opus épouse les lignes accidentées d'un récit où les atmosphères soyeuses s'accouplent à des attaques mordantes. Accrocheuses, ces chansons forment les épisodes successifs d'un périple qui voit par moment son horizon s'assombrir à l'image de ce 'Eddy's Funeral' comme échappé d'une B.O des années 60. '(The) Darkest Höur (Ö My Life)' semble quant à lui tout droit sorti d'un western crépusculaire. Si les claviers diffus se chargent d'étendre un tapis d'effluves stellaires ('Bamako'), une six-cordes caillouteuse creuse dans la terre lunaire de lourds sillons ('Gergövie') que soulignent une basse épaisse et des percussions au pouls à la fois hypnotique et ravageur, témoin l'endiablé 'Tears Öf Constellation'. A l'instar d'un Karma To Burn (encore lui), Öfö Am sait rendre captivant un disque entièrement instrumental grâce à une énergie aussi pulsative que roublarde ('Terror Is Öctaman'). Jamais l'ennui ne pointe donc le bout de son nez durant ce "Tales From Outerspace" bourré jusqu'à la gueule d'excellentes idées serrées dans un format toujours trapu. Les titres grandiloquents ou plus moelleux s'enchaînent, tous différents les uns des autres, en un grand huit à la fois plombé et émotionnel suivant, au gré de ses rencontres fantastiques, les péripéties de l'octaman au fin fond de l'univers. C'est tonique, stimulant et déclenche une agréable chaleur dans le bas-ventre. Öfö Am est décidément une valeur sûre ! (11/12/2018 | Music Waves)

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